Forum ouvert le 28/03/2021 0 ligne RP demandé 500 mots et moins encouragé 1 RP par 4 semaines 2e compte dès la validation du premier RPG dans une ville sud-coréenne (Séoul) Personnages criminels limités Messagerie instantanée (SMS entre personnages IG) via ForumActif Messenger Serveur Discord
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C'était pas ta sœur. Là, devant toi, c'était pas ta sœur. T'étais pas une flèche dans ton genre mais t'étais pas non plus idiot... Tu avais pourtant bien vérifié d'arriver à l'heure et d'être dans le bon endroit – tu avais regardé trois fois avant d'entrer pour t'assurer que le nom qu'elle t'avait envoyé par message était le même que celui sur la vitrine. Et une fois que tu en étais certain, tu étais entré pour aller la retrouver. Sauf que la personne qui t'attendait n'était pas ta sœur. Tu insistais, oui, mais ce n'était pas ta sœur. Et t'avais beau cligner des paupières comme un abruti, l'image ne changeait pas et ta « sœur » restait bien un homme. Ta sœur restait bien Hae Jun.
Hae Jun. Tu avais parlé de lui à ta sœur. Tu avais parlé de pas mal de personnes qui faisait parties de ton passé mais Hae Jun avait été un sujet récurrent. Il avait été un bon ami, Hae Jun. Un grand ami. Vous vous étiez promis que rien ne bougera même si toi tu partais dans une autre ville. T'aurais dû te douter, à l'époque, que tout allait changer. Tout changeait autour de toi alors pourquoi aurait-ce été différent pour vous ? Pour lui ? Tes parents avaient divorcé alors qu'ils avaient toujours été silencieux sur leurs soucis de couple. Ils t'avaient toujours assuré que tout allait bien. Et au final tout allait mal et ta vie en fut basculée. C'était égoïste de leur part, tu trouvais. De s'aimer, de s'unir, de te créer pour au final se détruire. Te détruire. Ca t'avait chamboulé, le divorce. Ca avait été le premier domino à tomber, le premier qui avait fait chuter tous les autres. Hae Jun avait chuté, aussi. Votre amitié avait été détruire par le déménagement, la distance. A cause de toi aussi un peu, sans doute. Au bout d'un moment t'avais plus cherché à donner signe de vie, à prendre des nouvelles. T'avais l'impression de déranger, de ne plus faire parti de cette vie, de sa vie. T'avais l'impression d'être hors du temps, hors de tout. Alors t'avais laissé coulé. T'avais regretté, tu regrettais. Mais c'était la vie, pas vrai ? Tu pouvais rien y faire.
Ta sœur par contre pouvait y faire quelque chose apparemment. Tu lui avais montré Hae Jun. Sur ses vidéos. Tu les avais bêtement regardées. T'avais été curieux. Tu avais partagé. Et tu te retrouvais là, avec Hae Jun, dans ce café, alors que de base tu allais retrouver ta sœur. Tu déglutis quelque peu, détournant le regard dans un petit air gêné avant de baisser le regard vers ton téléphone. Que tu rangeas dans un geste pressé dans la poche de ton téléphone en te raclant la gorge. « T'es pas... ma sœur », non toujours pas depuis tout à l'heure. Tu te pinças les lèvres, les pommettes rougissant à vue d’œil alors que tu détournais le regard. « Ca fait... ça fait longtemps », déclaras-tu d'une petite voix intimidée. « Est-ce que... enfin je suppose... », tu te mis à jouer avec les manches de ton pull, nerveux. « T'étais pas au courant ? », ou bien ? Savait-il que tu venais ? Si oui, pourquoi avait-il accepté ? Si non, il devait être déçu que ce soit. T'avais bien changé, en plus. T'étais plus le même gamin de l'époque – ou peut-être bien que tu l'étais encore totalement. T'avais juste des dessins en plus sur le corps et des douleurs au cœur et à l'âme.
Gaon. Voilà des années qu’il n’avait pas vu ou entendu ce prénom. Et pourtant, il faisait partie de son passé, de son enfance, d’une partie de son adolescence. Gaon avait été l’un de ses amis fut un temps, un très bon ami, même. Mais un ami qu’il avait fini par perdre de vue, malgré leur promesse que rien ne changerait entre eux, même après le déménagement de l’autre. Ils avaient été bien naïfs à l’époque. Car peu à peu, le contact se rompit, disparut, sans même qu’ils ne s’en soient réellement rendus comptes. Malheureusement, ça arrivait souvent, trop souvent. Au début, cet éloignement soudain avait fait du mal à Hae-Jun, mais plus le temps passait et plus il avait eu l’impression d’être le seul à faire des efforts. Et puis, la vie avait fait qu’ils avaient fini par devenir des étrangers. Scolarité, service militaire, carrière, Gaon ne semblait plus vraiment avoir de place dans la vie de Jun. C’était un peu triste, en réalité. Dire qu’il n’avait jamais repensé à lui serait un mensonge. Car oui, il avait souvent pensé à cet ami, se demandant ce qu’il était devenu, se disant même qu’il lui manquait, parfois. Il se demandait aussi si Gaon avait vu ses vidéos. D’un côté, il l’espérait. Et cet espoir semblait être devenu réalité le jour où il reçut un message de celui qu’il pensait être son ancien ami. Il ignorait qu’en fait, la sœur du jeune homme en était à l’origine, qu’elle avait concocté tout un plan pour que les deux amis se retrouvent enfin.
Bien sûr, ce message avait fait terriblement plaisir à Hae-Jun qui n’avait pas mis longtemps à accepter. Le voilà donc, le jour du rendez-vous, au café indiqué dans le message. Il était nerveux, stressé, il avait presque l’impression d’être à un premier date, alors que ça n’avait absolument rien à voir. Il était arrivé bien trop en avance, mais il ne tenait plus en place chez lui. Il s’était donc installé à une table en attendant, passant en revue les commentaires sur sa dernière vidéo, même s’il était sans doute bien trop distrait. A chaque fois que la porte s’ouvrait, il levait la tête dans l’espoir d’apercevoir Gaon. Il s’était même demandé s’il le reconnaîtrait après toutes ces années. Finalement, ses doutes furent rapidement balayés lorsque la porte s’ouvrit à nouveau. C’était lui. Il en était certain. Oui, il avait changé, mais il reconnaissait bien son ami sous ses traits devenus adultes. Pourquoi avait-il l’air si surpris de le voir ? Hae-Jun fronça les sourcils, puis se leva pour s’avancer vers le jeune homme qui semblait comme figé sur place. « Bah non, je suis pas ta sœur ! » Qu’est-ce qu’il racontait ? Oui, ça faisait longtemps. Le jeune homme hocha doucement la tête. Pourquoi Gaon semblait si mal à l’aise ? « Pas au courant de quoi ? » Il observa Gaon un instant avant de réaliser. « C’est pas toi qui m’as proposé qu’on se voie ? Y a quelques jours, tu m’as envoyé un message… » Il se mit à rire doucement. « Vu ta réaction et le fait que tu aies failli me confondre avec ta sœur, je suppose que c’est elle qui a manigancé tout ça ? »
Dans quel but ? Gaon n’aurait-il jamais pris l’initiative lui-même ? Avait-il parlé de leur amitié à sa sœur ? « Eh bien, puisque tu es là, autant rester, non ? Je crois qu’on a pas mal de temps à rattraper ! » Jun était juste content de voir son ancien ami, peu importe le passé, c’était déjà derrière eux. Et puis, ce n’était pas comme s’ils s’étaient quittés fâchés, comme s’il s’était passé quelque chose de grave entre eux. Non, ils s’étaient juste perdus de vue. « Ne reste pas planté là ! Assieds-toi ! » Contrairement à Gaon qui semblait mal à l’aise, Jun affichait un sourire depuis tout à l’heure. « Je suis vraiment content de te voir, tu sais ! »
Les liens se faisaient et se défaisaient. Tu le savais. Tu l'avais toujours su, d'une certaine façon. Le premier exemple était tes parents. Ils s'étaient mariés, avaient été heureux. Puis l'amour était parti. Encore aujourd'hui tu ne comprenais pas. Quand tu repensais à tes parents, tu les revoyais souriants, assis sur les chaises longues du jardin pendant que tu jouais non loin d'eux. Tu les revoyais dans le salon, à Noël, s'observant tendrement, se remerciant pour les cadeaux avant de t'observer ouvrir tes paquets, et de prendre des photos. Tu ne comprenais pas quand l'amour était parti. Et t'en étais arrivé à te demander s'il avait été là, au début, ou s'il n'avait été qu'illusion fantôme et rêvé partagé. Tu ne les avais jamais vus se disputer. Ils n'avaient jamais haussé le ton l'un envers l'autre. Et pourtant, ton père t'avait dit qu'ils avaient souvent été en désaccord. Ta mère t'avait expliqué qu'ils s'engueulaient presque tous les jours vers la fin. Mais jamais devant toi. Parce qu'ils n'avaient pas voulu te montrer que ça pouvait faire mal, sans doute. Mais ne rien savoir et voir son monde s'écrouler sans aucune raison était pire encore. Et tu leur en voulais un peu pour ça. Pour avoir tout caché en pensant bien faire. En pensant te protéger. Ca t'avait détruit. Littéralement.
Alors oui, tu savais, que les liens se faisaient, et se défaisaient. C'était le temps, disait-on. C'était comme ça, c'était la vie. Il n'y avait rien à faire. Pourtant... t'aurais probablement pu faire les choses autrement. T'aurais probablement pu sauver ton amitié avec Hae Jun. Tu ne l'avais pas fait. T'avais été lâche – tu l'étais toujours. T'avais pas osé le recontacter alors que tu regardais ses vidéos. Ca te faisait plaisir de le revoir, de voir qu'il allait bien. Enfin tu supposais. Mais t'osais pas faire ce pas en avant. Tu t'étais senti de trop à l'époque, pourquoi ce serait différent aujourd'hui ? C'était même encore pire. T'avais rien à voir avec lui. Et tu supposais que votre amitié était terminée. Pas de mauvais mots entre vous, pas d'engueulades ou d'insultes. Juste... le temps. Et tes pensées sombres, aussi.
Ta sœur ne semblait pas d'accord avec toi, par contre. Puisqu'elle avait organisé tout ça. T'aurais dû le voir venir... Le coin de tes lèvres se haussa dans une esquisse crispée bien que tu tentais de la rendre amusée voire normale. Tu déglutis quelque peu, le regard allant ici et là, paumé. « De... », tu fis un geste bref de la main pour indiquer le lieu, la table, le rendez-vous, vous. Tout ça. Tu t'humectas les lèvres, redressant les pupilles vers lui, timide. Tu clignas des paupières, paniquant rien qu'à l'idée d'envoyer un message alors que tu l'avais même pas fait. Tu secouas le visage de gauche à droite, les lèvres pincées. « Pas moi », dis-tu simplement. T'avais quel âge ? Tu pouvais pas faire une phrase ? Un léger son dans la gorge, tu bougeas à nouveau le visage, de haut en bas cette fois, le cœur tambourinant et les doigts s'agitant entre eux. T'étais nerveux et anxieux. T'avais plein de questions qui te passaient par la tête. « Oh », lâchas-tu faiblement. « Oh... kay. Okay », que tu soufflas, l'assurance dans la voix et le visage – pas du tout. Tu guettas un instant le vide autour de toi avant de t'asseoir alors qu'il te le disait, l'air toujours aussi anxieux. C'était pas que t'étais pas content de le voir. Au contraire. Mais t'étais juste... perturbé ? « Ah oui ? », demandas-tu, le nez quelque peu plissé, la moue incertaine. L'était-il vraiment ? Pouvait-on être vraiment content de te voir, toi ? Tu supposais qu'il aurait plutôt revoir d'autres ami.e.s de l'époque. Non ? T'étais sans doute le dernier dans la liste. Tu t'humectas les lèvres, gêné, gardant les mains sur tes cuisses sous la table, l'empêchant de voir comment tu nouais et dénouais tes phalanges. « Je suis content aussi », même si ça se voyait absolument pas, t'en avais conscience. T'étais trop nerveux et intimidé. Tu gardas les lèvres scellées, le silence comme seule parole. « Du coup... uh », tu te raclas la gorge, mal assuré, les pommettes rosies. Tu passas maladroitement ta main sur ta nuque, signe de nervosité mais aussi de timidité de ta part. Comme tous tes autres gestes. « Tu... tu vas bien ? », tu jetas un regard dans le vide à côté de lui avant de le regarder, comme si tu lisais un texte. « Qu'est-ce que tu deviens ? », ajoutas-tu, réitérant le même mouvement du regard. T'avais pas spécialement envie de parler de toi, de ta vie, parce que t'avais rien réussi depuis la dernière fois que tu l'avais vu. Au contraire t'avais sans doute raté plus de choses que tu ne pourrais les compter. La seule chose dont t'étais quelque peu fier, c'était ton métier. Parce que t'aimais ce que tu faisais – ça voulait pas dire que t'étais doué cela dit. « J'ai vu... tes vidéos », admis-tu dans un chuchotement.
C’était une situation plutôt cocasse, du moins aux yeux de Jun. Il était surpris, très surpris même de se retrouver en face de son ancien ami. Mais en même temps, il était aussi très content. Ça faisait tellement longtemps ! Et il s’était souvent demandé ce que devenait Gaon, avait souvent regretté que leur amitié se soit terminée comme ça, sans un mot, en silence. Mais ils avaient l’occasion de se rattraper maintenant, non ? Même si Gaon semblait être prêt à prendre la poudre d’escampette à tout moment. Il n’avait vraiment l’air à l’aise. Avait-il toujours été comme ça ? Hae-Jun ne s’en souvenait pas. Mais avec le temps, les gens pouvaient changer, non ? En tout cas, on ne pouvait pas dire qu’il soit très bavard, au contraire. Était-ce dû à la surprise ? Jun espérait que son ancien ami se détendrait, il ferait tout pour ça, en tout cas. On lui avait souvent dit qu’il était plutôt doué pour mettre les gens à l’aise, alors il espérait que ça allait marcher sur Gaon. « J’en reviens pas qu’elle ait concocté ce plan ! Comment lui est venue cette idée, tu crois ? Tu lui as parlé de moi ? » Ce devait être le cas, sinon comment la sœur du jeune homme connaîtrait-elle l’existence de Jun et l’amitié qui les liait autrefois ? Une fois son ancien ami enfin assis, Jun lui adressa un petit sourire. « Détends-toi ! On dirait que tu t’apprêtes à aller chez le dentiste tellement tu as l’air tendu ! » Vive la comparaison !
Gaon semblait avoir du mal à croire que Jun soit content de le voir. Était-ce si surprenant que ça ? « Bien sûr que oui ! Ça fait si longtemps ! J’ai souvent pensé à toi, tu sais ! Si j’étais pas content de te voir, je serais parti sans demander mon reste ! » Ou pas. Il était bien trop gentil pour ça. Mais en l’occurrence, il ne mentait pas. « Mais j’ai l’impression que ce n’est pas vraiment ton cas… » Gaon avait beau dire qu’il était content, lui aussi, son expression et ses gestes disaient autre chose. « Hey. C’est moi. Je vais pas te manger ! » Était-il si impressionnant que ça ? Ou qu’est-ce que c’était ? Non, il devait surtout être nerveux, à en juger son langage corporel. « Eh bien, oui ! Je vais très bien ! Encore mieux, maintenant ! Et toi ? » Qu’est-ce qu’il devenait ? Plein de choses. D’ailleurs, avant que Hae-Jun n’ait pu répondre, Gaon enchaîna en avouant avoir vu ses vidéos. C’était donc ça. « Oh, vraiment ? C’est comme ça que ta sœur a appris mon existence ? D’ailleurs, tu penses quoi de mon contenu ? Je sais que c’est parfois un peu le bordel, qu’il y a plein de trucs différents, mais je veux avant tout que les gens s’amusent et passent un bon moment ! » Contrairement à son ancien ami, Jun était des plus bavards et d’autant plus lorsqu’il parlait de ce qui le passionnait. « Et toi, alors ? Je te retourne la question ! Tu deviens quoi ? » Il était vraiment curieux de le savoir.
Tu te retrouvais en face d'un vieil ami, les traits plus marqué par la confusion et la gêne que la joie et l'émerveillement. Tu devrais être content de le revoir. Tu devrais être soulagé par cette rencontre. Tu devrais être agréablement surpris par tout ça. Pourtant tu l'étais pas. Pas totalement. Te mordant nerveusement la lèvre, tes doigts dansaient entre eux alors que ton regard fuyait le sien tout en essayant de le retrouver malgré toi. Tu te sentais soudainement ridicule, et mal à l'aise. T'étais content de le retrouver et en même temps... t'étais pas sûr de l'être. Difficile à expliquer. « Je sais pas trop... », susurras-tu, redressant rapidement le regard vers le sien, bougeant vaguement les épaules. « U-Un peu oui », bafouillas-tu, les joues rosies, gêné. Tu te sentais stupide... vraiment. Pour pas dire totalement con. T'avais parlé de lui à ta sœur parce qu'il avait compté pour toi. T'avais parlé de lui parce que t'étais fier de lui montrer ses vidéos, de dire que tu l'avais connu. Même si la fin de votre amitié te laissait toujours un goût amer en bouche. T'avais tout gâché. Encore. « Désolé », tu te mordis la lèvre, jouant avec le tissu de tes manches. « C'est juste... », tu gesticulas un peu le visage et haussas les épaules. T'étais pas le plus bavard. Pas le plus extraverti. « Ca fait longtemps », murmuras-tu. Ca n'expliquait rien mais tu espérais que oui.
Ca te paraissait franchement dingue qu'il ait pu penser à toi aussi souvent qu'il le disait. Tu offris un léger mouvement de visage à ses mots, tentant un petit sourire. Il pouvait aussi rester par politesse, histoire de ne pas sembler grossier. Tu l'observas à ses paroles, baissant le regard, les lèvres pincées. Tu gâchais tout, encore une fois. « Désolé je suis juste... », marmonnas-tu, t'humidifiant les lèvres. « Surpris », tentas-tu, relevant les pupilles vers lui, une esquisse timide te brûlant les lèvres. « Je sais », une petite lueur amusée brillait dans tes yeux. « Ca va ? Je dirais », pourquoi tu paraissais si incertain en répondant à une question si basique ? Tes joues s'empourprèrent alors que tu hochais la tête. « Je lui ai montré, oui », admis-tu. Tu te pinças les lèvres, confus, le regard dans le vide un instant avant de le reposer vers lui. « On passe un bon moment devant tes vidéos. Je trouve ça intéressant et amusant », tu savais donc prononcer plus de quatre mots... « Ce n'est que mon avis cela dit alors je sais pas trop pour les autres... », que tu articulas maladroitement, gêné. T'y connaissais pas grand chose à tout ça. Ton visage perdit quelque peu de ses couleurs. Tu te raclas la gorge, tes doigts venant distraitement jouer sur ta nuque, ton col, signes de nervosité, dévoilant sans le vouloir un soupçon du tatouage qui se trouvait sur ton cou. « Je suis illustrateur pour livres pour enfants », articulas-tu lentement, comme si tu récitais un texte lu et relu bien trop souvent. « Et... », ça s'arrêtait là. T'avais rien réussi d'extraordinaire dans ta vie. Tu faisais pas grand chose. T'étais rien. Tu seras jamais quelque chose – en soit tu étais beaucoup de choses mais rien de bien valeureux. Rien de bien valorisant. « Et voilà », soufflas-tu avant de te pincer les lèvres et de hausser les épaules, tes mains venant se poser sur tes cuisses alors que tu le regardais à nouveau. « Désolé je suis pas... », tu fis un vague geste de la main avant de la reposer. « J'ai pas grand chose à raconter », tu lui offris une esquisse embêtée. Tes phalanges tapotèrent tes cuisses. T'avais rien à dire. Tu te faisais honte – il devait te trouver ridicule. Se dire qu'il avait rien perdu en perdant ton amitié. « Comment... Comment tu as l'idée de faire des vidéos ? », demandas-tu tout doucement, ton attention vers lui. Tu te sentais affreusement désolé de ne pas parler plus, de n'avoir rien à dire, rien à raconter. T'étais juste ennuyeux. Il perdait du temps à cause de toi. Du temps qu'il pourrait accorder à une personne plus intéressante, plus importante. « Tu travailles dans un autre domaine ou... ? », faisait-il que des vidéos pour gagner sa vie ? Ta question devait sembler bête.
Contrairement à Jun qui était vraiment content de retrouver son ami d’enfance, cela ne semblait pas réellement être le cas de ce dernier. Peut-être que le jeune homme avait une vision déformée de son ami lorsqu’ils étaient enfants, mais il ne lui avait jamais semblé aussi…peu avenant. A moins qu’il se trompe. Il avait l’air tellement mal à l’aise que Jun commençait à se sentir mal à l’aise, lui aussi. Si sa présence n’était pas désirée, il pourrait toujours s’en aller, même si ce serait bien dommage. Il avait envie de discuter avec Gaon, de savoir ce qu’il devenait, comment il allait…mais il ne comptait pas le forcer non plus. Peut-être était-il déçu de sa réaction, c’était même certain. Mais tout le monde n’était pas aussi expressif sur le youtubeur. « Eh bien oui, ça fait longtemps ! Et alors ? On est pas des étrangers pour autant ! Détends-toi ! » Evidemment, il savait qu’il pouvait dire ce qu’il voulait, se détendre n’était pas toujours facile. Finalement, Jun fronça les sourcils. « Arrête de t’excuser ! Je comprends. Mais j’espère qu’on pourra quand même discuter un peu ! » Il lui adressa un petit sourire, content de voir le léger sourire de Gaon. Tout n’était peut-être pas perdu. D’ailleurs, le jeune homme se montra soudain un peu plus bavard en parlant des vidéos de Jun, vidéos qu’il regardait apparemment avec sa sœur. « Oh, ça me fait vraiment plaisir que vous passiez un bon moment devant ! C’est tout ce que je souhaite ! Que les gens s’amusent en regardant mes bêtises ! » Il lâcha un petit rire. Des bêtises, il en faisait pas mal sur sa chaîne, c’était vrai. Mais tant que ça restait bon enfant, il n’y avait pas de mal. « Tu sais, c’est comme tout. Y en a qui aiment et d’autres qui n’aiment pas. On ne peut pas plaire à tout le monde ! » Il avait beau dire ça, mais quand il avait lu ses premiers commentaires négatifs, ça lui avait fait mal et il y avait pensé pendant des jours et des nuits. A présent, ça allait bien mieux, il avait appris à relativiser, même si la négativité n’était jamais agréable.
Finalement, il apprit que Gaon était illustrateur de livres pour enfants. Il ne s’était pas attendu à ça et ne masqua pas sa surprise. « Vraiment ? Waaa ! Je ne m’y attendais pas ! Tu fais ça depuis longtemps ? » Dans tous les cas, ça l’avait rendu curieux. « Tu me montreras ce que tu fais ? » Et puis, peut-être que parler du métier de Gaon l’aiderait à s’ouvrir un peu plus, à se sentir un peu plus à l’aise. « Sérieux. Arrête de t’excuser ! Je suis sûr que tu as plein de trucs à raconter, tu ne sais juste pas par quoi commencer ! » Il le taquinait gentiment, même s’il était certain que ce n’était pas tout ce que son ancien ami avait à dire. « Hum…à vrai dire, je ne sais plus trop. J’ai commencé à poster quelques covers de chansons et puis, je sais pas, j’ai eu envie de faire autre chose, de documenter un peu mes découvertes. Et à force de voir d’autres vidéos, j’ai eu envie de faire pareil ! D’ailleurs, j’espère que je ne t’ai pas trop cassé les oreilles à crier pendant mes explorations ! » Il rit doucement. Il adorait faire de l’urbex, mais il choisissait toujours des lieux vraiment creepy et il criait souvent pour pas grand-chose. « En fait, à la base, je suis mannequin. J’ai commencé très tôt, j’ai été repéré après le lycée. Et puis…j’ai un autre rêve ! Je ne sais pas si je pourrai l’atteindre, mais…j’aimerais beaucoup me lancer dans l’acting ! » A ce moment précis, il ignorait encore que son rêve se réaliserait bientôt et qu’il se verrait bientôt offrir un rôle dans son tout premier drama. « Et toi ? Tu as envie de faire d’autres choses par la suite ? Ou… je sais pas… tu as des passions autres que le dessin ? » En réalité, il voulait surtout savoir ce qu’avait fait Gaon toutes ces années, comment il avait vécu, ce genre de choses. Mais il attendrait un peu avant de lui poser des questions bien plus personnelles.
Il avait raison. Vous n'étiez pas des inconnus. Des étrangers qui se retrouvaient soudainement à la même table d'un café, contraints de parler, d'échanger, de discuter. Tu le connaissais, et il te connaissait aussi. Pourtant t'avais cette impression bizarre de n'être qu'un inconnu à présent. On te connaissait sans te connaître. On te voyait sans te voir. Vous n'étiez pas des inconnus, non. Mais t'avais la sensation de l'être redevenu. De devoir tout reprendre depuis le début car les choses avaient changé depuis le temps. Tu avais changé. T'étais plus le même. Lui non plus, en soit. Vous étiez des adultes désormais, vous aviez votre bagage, vos questions, vos peines. Vous n'étiez pas des inconnus. Pas totalement. Mais juste un peu, peut-être. Tu hochas doucement le visage, te mordant nerveusement la lèvre, t'empêchant de t'excuser encore. Tu lui offris une fine esquisse coupable. « Oui... je pense ? », tentas-tu, sans trop savoir toi-même. Tu supposais que oui, que vous pourriez discuter. Mais t'avais peur qu'il se rende compte que t'étais devenu.. ridicule. Que tu l'avais toujours été. Il allait se dire qu'il perdait son temps avec toi, que c'était mieux avant. Quand vos chemins s'étaient séparés et vous aussi. Tes pommettes chauffaient doucement et tu hochas le visage encore une fois. « Ca détend », soufflas-tu. « Ca fait penser à autre chose », ça changeait les idées, ses vidéos. Tu l'observas un instant, clignant doucement des paupières, avant de baisser les prunelles dans un autre mouvement du visage. Tu l'avais compris, que c'était impossible de plaire à tout le monde. Peu importait ce que l'on faisait, il y aurait toujours un insatisfait. Et plutôt que de te concentrer sur tous les avis positifs que tu pouvais avoir, même un seul, tu préférais te concentrer et te laisser bouffer par les mots ou les regards négatifs. « Est-ce que... », commenças-tu, la voix basse, te raclant la gorge. « Tu as beaucoup de gens qui commentent en disant ne pas aimer ? », que faisait-il face à ces commentaires-là ?
Le rouge piqua tes joues et tu bougeas la tête de haut en bas. « Quelques années. J'ai eu de la chance de tomber sur la bonne personne à mes débuts », affirmas-tu dans une moue gênée. Tu étais curieux de savoir à quel métier il pensait, en te regardant. « Si... si tu veux », murmuras-tu, timide, les phalanges s'agitant nerveusement. « Pard... », tu clignas des paupières, embarrassé. T'avais rien accompli dans ta vie. Pas comme lui. Tu n'avançais pas. Tu ne sortais pas de ta zone de confort. Tu suivais ta routine. Rien ne bougeait parce que tu n'essayais pas. T'avais peur de l'échec, du rejet. « J'ai vraiment pas grand chose à raconter... », chuchotas-tu, les sourcils finement froncés. « Mon... mon père s'est remarié ? », est-ce que ça faisait parti des choses à raconter ??? T'étais sûr que non mais t'avais rien d'autre. Tu l'écoutas attentivement ensuite, bougeant le visage ici et là pour montrer que tu écoutais. Et t'étais presque admiratif de ce qu'il avait accompli. Parce qu'il avait osé. Il avait essayé. Il s'était donné les moyens. Il avait des tas de choses à raconter par rapport à toi. « Je coupais parfois le son... », avouas-tu timidement, désolé. « Mannequin ? Oh », t'étais pas vraiment surpris, en fait. « Un autre rêve ? », t'étais presque jaloux de son ambition, de son envie de réussir. T'avais rien de tout ça, toi. « Je te souhaite d'y arriver. Non... tu vas y arriver », repris-tu dans un léger sourire. T'étais sûr qu'il allait parvenir à réaliser son rêve. Tu te pinças les lèvres, hésitant, gêné, les prunelles allant et venant entre lui et le vide. Tu avais bien un rêve, oui. « J'aimerais... », tu te frottas le cou, « J'aimerais devenir l'auteur et l'illustration de mon propre livre », ta voix s'était faite de plus en plus petite, mal assurée. « C'est ridicule », soufflas-tu, le sourire maladroit, décalant tes pupilles. Comparé à lui t'avais rien accompli et même si t'avais ce rêve tu faisais rien pour l'atteindre. Alors oui, c'était ridicule. Tu étais ridicule. « A part le dessin... non pas vraiment », tu avais les tatouages, aussi, mais tu ne connaissais pas son opinion sur le sujet. Tu ne voulais pas qu'il te porte un regard dégoûté, lui aussi. « J'ai pas une vie très mouvementée. Je me lève, je dessine, je dors... quand j'y arrive. J'ai souvent l'inspiration le soir alors... », tu fis une petite grimace, agitant faiblement la main. Ton cycle de sommeil était perturbé. Et affreux. « J'aime bien les lego aussi », parvins-tu à avouer, la langue lourde, les mots discrets et le rouge contre les joues. Il allait te trouver ridicule, c'était certain. Un peu plus, un peu moins... « C'est... ridicule. Je sais. Mais ça me détend », marmonnas-tu en baissant le visage, un peu bougon. « Et toi ? », demandas-tu parce qu'il était un sujet plus intéressant que toi. « Tu as d'autres passions ? Tu ne fais plus de covers ? », tu penchas un peu le visage, curieux. « Tu prévois toujours ce que tu vas faire dans tes vidéos ? »
Intérieurement, Jun était probablement presque aussi perturbé que Gaon. Mais contrairement à ce dernier, il ne le montrait pas. Au contraire, il affichait en permanence un sourire. Gaon ne ressemblait plus trop à l’ami de ses souvenirs, à cet enfant avec qui il avait passé de bons moments. Mais c’était normal, non ? Il avait grandi, changé. De toute façon, ce n’était pas ce qui allait décourager Jun, au contraire. Il comptait bien essayer de le mettre à l’aise et le plus tôt serait le mieux. Car pour le moment, il avait plus l’impression de déranger qu’autre chose, de retenir Gaon contre son gré. Ce n’était pas très agréable comme sensation, mais il survivrait. Et puis, ce n’était certainement qu’une impression, rien de plus. En tout cas, il était bien content d’apprendre que son ancien ami aimait des vidéos. « Ça me fait super plaisir d’entendre ça ! C’est bien pour cette raison que je fais des vidéos. » Il sourit de façon sincère, puis haussa légèrement les épaules. « Beaucoup ? Non, c’est peut-être une poignée. Mais ça ne fait jamais plaisir malgré tout. Mais comme je dis toujours…on ne peut pas plaire à tout le monde et s’ils ne sont pas contents, personne ne les oblige à regarder ! » Il avait beau dire ça, lorsqu’il s’était retrouvé face à son premier commentaire négatif, il n’avait cessé d’y penser et de se prendre la tête. Pour au final en déduire qu’il devrait juste ignorer cette personne.
Evidemment, lorsqu’il apprit que Gaon était devenu illustrateur de livres, il voulut en savoir plus. « Ooh, c’est super ! Je vois qu’on a tous les deux eu de la chance ! Une rencontre a changé notre vie et fait décoller notre carrière ! » Certes, ils n’évoluaient pas dans le même domaine et leur parcours n’avait rien à voir, mais finalement, ils avaient presque commencé de la même façon. « Tu n’as pas quelques exemples sur toi ? Genre…dans ton portable ? » Oui, il était curieux et il voulait satisfaire cette curiosité maintenant. Evidemment, si Gaon n’avait rien à lui montrer, là, tout de suite, il survivrait. Ainsi, le père du jeune homme s’était remarié. « Ah ! Ça explique pourquoi tu as une sœur tout à coup ! Je pensais ne pas bien me souvenir, mais il me semblait bien qu’à l’époque, tu n’avais pas de sœur. » Il sourit à nouveau, observant le jeune homme avant d’éclater de rire lorsque ce dernier avoua parfois couper le son des vidéos lorsque Jun se mettait à hurler. « Je suis sûr que tu n’es pas le seul ! » Et puis, il eut une idée, une idée brillante de son point de vue, mais est-ce que Gaon penserait la même chose ? Rien n’était moins sûr. « Ça te dirait de m’accompagner lors d’une exploration un jour ? » C’était toujours plus marrant à plusieurs que tout seul. Il se souvenait encore de l’exploration mémorable d’un parc d’attractions abandonné, en compagnie de son meilleur ami. Etant donné que Mélohé était une vraie star, cette vidéo-là avait explosé le nombre de vues, étant sans doute la vidéo la plus regardée de sa chaîne.
« Merci, c’est gentil ! Qui sait, peut-être qu’un jour, tu me verras sur ta télé ! » Il rit doucement, n’y croyant pas encore vraiment, ayant du mal à l’imaginer. Et pourtant, il voulait se donner les moyens de réussir. Gaon lui confia alors qu’il voulait être l’auteur de son propre livre et l’illustrer également. Jun fronça les sourcils lorsque son ami affirma que c’était ridicule. « Bien sûr que non, ce n’est pas ridicule ! Pourquoi tu dis ça ? Je trouve ça chouette, comme rêve ! Et je suis sûr que tu vas y arriver ! » Il croisait les doigts, en tout cas. Décidément, son ancien ami semblait avoir la fâcheuse tendance à se rabaisser et ça ne plaisait pas à Jun qui croisa les bras. « Mais arrête ! Si tu aimes ça, je ne vois pas en quoi ce serait ridicule ! » Il secoua doucement la tête. « Eh bien, j’aime la photo et j’adore me perdre dans les rues pour y dénicher le cliché parfait. Evidemment, je fais ça en amateur, juste pour le plaisir. Je fais du sport aussi quand je peux. Vu tout ce que je mange parfois, ça vaut mieux ! Surtout si je veux continuer à exercer mon métier ! » Il afficha un léger air pensif avant d’enchaîner. « Eh non ! Je ne prévois pas tout ! Surtout quand je pars en urbex. Là, tout est spontané, naturel. En même temps, il est difficile de prévoir ses propres réactions ! En fait, il n’y a que les vidéos de bouffe où je planifie un peu plus ce qui va se passer… mais mes réactions restent naturelles et spontanées, si c’est ce que tu voulais savoir. » Il misait beaucoup sur le côté naturel de ses vidéos. Il ne voulait pas jouer de rôle et faire croire à ses abonnés qu’il était quelqu’un d’autre. « Tu as un animal ? Tu as déjà dû voir mon chat dans mes vidéos ! Il est trop chou, non ? » Jun et son chat. Une grande histoire d’amour.
Revoir Hae Jun te rappelait tous ces moments passés avec lui, ces fous rires, ces secrets. Mais cela te rappelait aussi que tout s'était terminé. Avec le temps, tout se défaisait. Tout mourait. Votre amitié aussi, pas vrai ? Tu ne savais pas si elle pouvait renaître un jour. Tu ne savais pas si tu allais le revoir après ça. S'il voulait encore te revoir après aujourd'hui. Pourquoi le voudrait-il ? Votre amitié était révolue, aujourd'hui. Il était sans doute passé à autre chose et ne t'avait pas attendu – ce qui était logique, tu ne pouvais pas lui en vouloir pour ça. Toi aussi, tu avais continué de ton côté. Une fine esquisse aux lèvres, tu hochas le visage, satisfait de le voir aussi contenté de ta réponse. Tu avais peur de mal dire les choses et de le faire se sentir mal juste parce que t'étais qu'un idiot qui ne savait pas formuler ses pensées. Du moins pas avec les bons mots ou les bonnes intonations. Tu te pinças les lèvres ensuite, l'écoutant sagement. Tu clignas des paupières, crédule. « C'est vrai », chuchotas-tu. Personne ne les obligeait à regarder, ou à commenter. Pourtant ils le faisaient. Tu ne comprenais pas vraiment pourquoi cependant. « La majorité est contente alors... je suppose que c'est le plus important ? », songeas-tu d'une voix hésitante, te demandant s'il arrivait à se détacher de ces commentaires négatifs. Tu savais que toi, tu ne pourrais pas. T'y serais trop accroché. Tu t'en rendrai malade.
Un sourire discret aux lèvres tu bougeas une nouvelle fois le visage. Tu avais eu de la chance, oui. Ta cheffe était si compréhensive avec toi. Tu ne savais pas vraiment ce que tu avais fait pour mériter ça. « On a eu de la chance », répétas-tu doucement, les pommettes rosies. « Des exemples ? De mes dessins ? », demandas-tu, la gêne aux joues. Il voulait voir tes dessins ? Tu clignas des paupières, penaud, marmonnant des « Euh » successifs le temps que tes doigts arrivaient à saisir l'objet dans ta poche. Tu te raclas la gorge, embarrassé, galérant à simplement déverrouiller l'appareil, lui lançant un regard presque coupable avant de fouiller dans ton téléphone. « C'est pas... », dis-tu, tournant l'objet vers lui. « Ce sont des dessins que j'ai fait pour le travail », expliquas-tu, désignant les deux premiers. « Et ceux-là pour... Pour m'entraîner ? », tu haussas un peu les épaules. « Désolé ce ne sont pas les meilleurs. Si j'avais su... », si t'avais su ? Si t'avais su que c'était Hae Jun qui t'attendait tu aurais hésité à venir tellement t'avais honte de te présenter devant lui. Tellement tu te sentais ridicule, insignifiant. Tu ne comprenais même pas pourquoi il continuait de perdre son temps avec toi. Tu secouas le visage de haut en bas. « C'est pour ça », confirmas-tu doucement, amer. « J'ai deux demie-sœurs maintenant », dont une qui te détestait sans que tu ne saches pourquoi. « Et ma belle-mère est gentille », tu te sentis obligé de le confirmer, ne souhaitant pas lui porter préjudice ou qu'on dise que tu ne parlais même pas d'elle. Le rouge aux joues, tu lui offris une petite moue désolée malgré tout, le nez un peu retroussé, un peu amusé. Tu clignas vivement des paupières, la surprise au visage, alors que tu te désignais de l'index ? « M-Moi ? », bafouillas-tu bêtement. « Mais pourquoi ? », te retrouvas-tu à demander. Tu le fixais, perplexe, confus. « Ca ne risque pas d'être... », tu décalas ton regard, cherchant tes mots. « Ennuyant avec moi ? », tu grimaças quelque peu, sachant déjà la réponse. « Puis je suis pas super photogénique... », tu baissas le visage. Même si l'idée te plaisait, tu savais que la réponse du « public » ne serait pas forcément positive. Tu rendais pas bien sur l'écran. Tu n'étais pas drôle. Tu ne parlais pas beaucoup. Tu bafouillais. T'étais gênant. Ridicule. T'apportais rien. Pourquoi voudrait-il te mettre sur l'une de ses vidéos ? « Je voudrais pas gâcher la vidéo », susurras-tu. Ne le décevoir. Ou son public.
« J'espère », et c'était sincère, ton sourire le prouvant ainsi que le regard pétillant que tu redressais vers lui. Tu espérais qu'il y arrive. Tu espérais qu'il y parvienne. « Tu trouves ? », tu plissas un peu le nez avant de lever les épaules. « On me prend pas toujours au sérieux quand je le dis », avouas-tu timidement, bougeant encore une fois les épaules. « C'est gentil », t'étais pas sûr d'y arriver, toi. T'étais pas sûr qu'on veuille publier les histoires du type bizarre que tu étais. Tu rougis encore une fois, la gêne brûlant ta nuque et tu te pinças les lèvres. Tu l'écoutas ensuite, la frimousse quelque peu basculée, le sourire fin. « Tu prends quel genre de clichés ? », demandas-tu, curieux. « Je pourrais... Je pourrais voir ? », que tu ajoutas dans une interrogation presque muette. « C'est dur le sport », fis-tu simplement, les sourcils un brin froncé. Tu secouas un peu le visage, affolé. « C'était pas ce que je sous-entendais. Que tes réactions étaient prévues. C'était juste... enfin... », tu te mordis la lèvre. « Comment tu faisais ? Pour décider... », t'étais plus très sûr de ce que tu disais. « Non, malheureusement. J'aurais peur de ne pas réussir à m'en occuper ? Ou que... que l'anime se sente triste avec moi », tu souris doucement, attendri par sa façon de directement parler de son chat. « Oui, et il est vraiment beau. Il a quel âge ? », demandas-tu, curieux. Tu restas muet un instant, le regard voyageant dans le vide. « Il a l'air doux », confias-tu dans une moue timide. « Ca doit être agréable d'avoir de la compagnie », tu te pinças les lèvres, la solitude planant parfois un peu trop dans ton appartement. « J'ai vu.. », tu te raclas un peu la gorge, embarrassé. « Il y a beaucoup de gens qui filment leurs animaux durant leur absence. J'ai vu plusieurs vidéos... ou qui mettent des petites caméras sur le dos de leur chat ou de leur chien. Tu.. tu penses le faire aussi ? », le questionnas-tu, crédule. « Ma sœur a toujours envie de lui faire des papouilles dès qu'elle le voit... elle aimerait le voir plus souvent », avouas-tu, les pommettes encore une fois rosies, un léger rire vibra dans le fond de ta gorge. Tu devais avouer que toi aussi tu aimerais bien lui faire des « papouilles ».
Jun était content de revoir Gaon et d’en apprendre plus sur sa vie actuelle. Il était réellement intéressé par lui et par ce qu’il faisait, notamment par ses dessins. Voilà pourquoi il lui avait demandé à voir, même s’il s’était bien rendu compte de la gêne du jeune homme. Pourquoi ? Depuis qu’ils étaient là, tous les deux, Gaon semblait terriblement mal à l’aise et gêné. Alors Jun essayait sans cesse d’y remédier, de le mettre plus à l’aise. Avec pas trop de succès jusqu’à présent, apparemment. Lorsque son ancien ami lui montra ses dessins, il les observa avec attention. « Mais qu’est-ce que tu racontes ? Ils sont super ! Vraiment ! En même temps, je n’ai aucun talent pour ça, alors tout m’émerveille ! Et si tu avais su quoi ? Arrête un peu ! Je ne suis pas un super critique ou je ne sais quoi. » Il essayait vraiment de détendre l’atmosphère, de se montrer un peu taquin, mais il n’était pas certain de l’effet escompté. « La prochaine fois, tu me montreras ceux que tu juges être les meilleurs, alors ! » Parce que oui, il voulait revoir Gaon. Il ne voulait pas que ça reste le fait d’une seule rencontre. Ils s’étaient retrouvés, ce n’était pas pour se perdre à nouveau. Sauf si Gaon ne le voulait vraiment pas. Jun ne comptait pas le forcer, même si ce serait très dommage. Il apprit ensuite que le jeune homme avait deux demi-sœurs et une belle-mère maintenant. Une famille recomposée, donc. « Oh, c’est chouette ! Tant que ça se passe bien, c’est l’essentiel ! »
Il proposa ensuite à Gaon de l’accompagner lors de l’un de ses urbex et hocha la tête à sa question. « Ben oui, toi ! Tu vois quelqu’un d’autre avec nous ? » Il sourit bêtement avant de secouer la tête. « Pourquoi tu dis ça ? On ne peut pas prévoir ce qui se passera. Et crois-moi, ce n’est jamais ennuyant, peu importe qui m’accompagne ! » Jun finit par froncer les sourcils et ne put s’empêcher de donner un léger coup de pied à Gaon sous la table. « Arrête tes conneries ! Tu ne gâcherais rien du tout ! Mais je ne vais pas t’obliger à participer, ne t’en fais pas. Je ne faisais que proposer. » Avait-il toujours été comme ça ? Aussi peu sûr de lui ? Il ne s’en souvenait plus vraiment, à vrai dire. Finalement, ils en vinrent à parler de la passion pour la photo de Jun et, tout naturellement, Gaon demanda à voir. Jun sortit donc son portable et se mit en quête de quelques clichés qu’il avait pris. « La plupart du temps, je les ai juste en version papier. Je suis vieux jeu à ce niveau-là. Mais j’ai quelques photos en numérique quand même ! Je prends un peu de tout. Paysages, animaux, gens, plantes… » Il lui montra une succession de clichés, pris justement lors de sa dernière exploration, avec Mélohé, son meilleur ami. On y voyait donc un parc d’attractions abandonné et parfois, la tête d’un Mélohé effrayé. « C’était ma dernière exploration. Si jamais tu as vu la vidéo, voilà l’envers du décor ! » Il sourit, puis enchaîna en parlant de son chat. Que Gaon qualifia de beau. Ce qui fit la fierté de Papa Juny. « Oh, c’est gentil ! Il a quatre ans, c’est encore un bébé ! »
Il écarquilla légèrement les yeux aux paroles de Gaon avant d’afficher un air totalement enthousiaste. « AH ! Mais pourquoi je n’y ai jamais pensé ? C’est une idée géniale ! Je vais la noter dans un coin de ma tête ! Tout comme le fait de montrer mon chat plus souvent. » A vrai dire, pas mal d’abonnés lui demandaient régulièrement des nouvelles de Goyangi et voulaient le voir plus souvent. Mais la bête était capricieuse et ne coopérait pas toujours. « Ça va mieux ? Tu es plus détendu ? » Oups. Ça lui avait échappé. Mais il disait ça avec une bonne intention.
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C'était pas ta sœur. 
