La journée avait été un vrai supplice. Tu sentais que quelque chose clochait, mais tu ne te souvenais de rien. Le black-out total. Tu l’avais attendu ... Gabriel. Tu t’étais dite qu’il viendrait sûrement te passer un savon pour tes agissements de la veille ... Mais il n’était jamais venu. Du coup, tu avais pris ton courage à deux mains pour écrire ce post Instagram, dans l’espoir que ça le fasse réagir ... En peu de temps, il s’était passé trop de choses entre vous. La situation commençait à dégénérer. Vous deviez briser la glace. Pourtant, à peine quelques sms envoyés et voilà que tu te dégonflais. Tu avais simplement lâché ton plus beau « Ok, je suis fatiguée, je vais dormir ». Pas de chance pour toi, Gaby semblait déterminé à avoir cette discussion. Tu l’avais entendu monter les escaliers bruyamment, ce qui te laissa à peine le temps de te cacher sous ta couette. Tu avais une mine affreuse. Tu refusais qu’il te voit dans cet état. « Tu aurais préféré un bonne nuit mon chéri peut-être ? » Tu savais que ce n’était pas de ça qu’il parlait. « J’ai lu tes excuses, tu veux que je te dise quoi de plus ? » Tortillant dans tous les sens d’énervement sous ta couette, tu finis par réapparaître, affichant ta plus belle mine boudeuse. « Tu penses que t’excuser suffit ? Tu n’en as rien à faire d’avoir tout oublié ? Tu te moques de savoir ce que tu as pu me dire ou même faire ? Avant de me demander des explications sur ce que je t’ai dit ou sur mon post insta, commence par retrouver tes souvenirs et après, on en reparlera ! » Très agréable, tu étais. Hum.

Combien ça lui coutait ... Quelle blague. Il ne se souvenait de rien. DE RIEN. Que dalle, nada ! Que ce soit des mots qu'il avait prononcés, jusqu'aux actes. Toi, tu te souvenais de tout. De chaque détail. De chaque sensation. Des sentiments qui t'avaient parcouru. Depuis cette nuit, tu te consumais de l'intérieur. Le lendemain, quand Gabriel avait simplement décidé de t'éviter, tu avais vrillé. Et maintenant, c'était à ton tour, de ne plus te souvenir et de vouloir ... Fuir. " Si ça te coute autant, ne le fait pas. Pourquoi tu t'es excusé, si c'était si compliqué ? Ne joue pas la carte de la sincérité, si tu ne l'ais pas. Je déteste ça. " Finalement, tu avais décidé de sortir de ta cachette. Ton agacement ayant pris le pas, sur ton désir de fuir. La conversation venait à peine de commencer et tu avais déjà envie de crier ... " CONTRAIREMENT A TOI ! Je n'ai pas cherché à faire comme s'il ne s'était rien passé. J'ai vu les messages. Je sais que j'ai certainement dit des choses ... Le truc, c'est que je ne suis pas sûre de vouloir en parler. Alors que TOI, tu évites. Tu fuis. Tu te moques de savoir. Donc, ne vient pas me dire que je suis pire que toi ! Toi, tu es le pire des goujats ! " Goujat ? Sérieusement ? Oui. Ca changeait de ton insulte habituelle. Ton regard avait suivi Gabriel qui s'était assis sur le bord de ton lit. Instinctivement, tu te reculas, t'éloignant un peu afin de ne pas être trop proche de lui. Tu voulais avoir les idées claires et éviter de penser à ce qu'il s'était passé la dernière fois que vous vous étiez assis tous les deux sur ce lit. " T'es sérieux ? Tu débarques dans ma chambre comme une furie, et maintenant que tu es là, tu n'as plus rien à me dire ? Vas-y ! Je t'écoute ! Balance. Qu'est-ce que j'ai bien pu te faire ou te dire la nuit dernière ? Tu semblais tellement déterminé à en parler. Profite-en avant que je ne décide de ne plus t'écouter ... " Tu étais dure ... Vraiment dure et surtout, blessée ...

Bien que tu paraisses totalement froide et énervée face à Gabriel, tu étais à des années lumières de ces sentiments. En vérité, tu étais extrêmement déçue et ... Triste. Seulement, tu ne pouvais pas te permettre de lui montrer. Tu te refusais de lui montrer. Trop de choses te contrariaient depuis deux jours. La situation dans laquelle vous vous étiez mis, te rendait complètement folle. De nombreuses questions se bousculaient dans ta tête, sans trouver de réponses qui te satisfaisaient. Tes pensées étaient incontrôlables. Des flashes de ces deux soirées, te hantaient comme un horrible cauchemar qui continuait de vous coller à la peau, même après vous être réveillé. Tes sentiments étaient embrouillés. Finalement, tu n’étais même plus certaine de savoir ce que tu voulais, réellement. Ou même, ce que tu ne voulais pas. Pourtant, tu devais garder la face devant lui. Tu ne pouvais plus fuir. Cette discussion, vous deviez l’avoir. Tu ne pouvais plus jouer les lâches et continuer à te cacher sous ta couette comme une enfant peureuse. Tu devais -enfin- prendre ton courage à deux mains et lui dire toutes les choses qui inondaient ton esprit depuis cette soirée où tout avait basculé pour toi ... Malheureusement, le ton sur lequel tu t’adressais à Gabriel, t’était complètement incontrôlable, lui aussi. Ta déception avait pris le dessus, alors que le jeune homme tentait de se défendre maladroitement sous tes yeux. Soupirant légèrement, tu murmuras doucement alors que ton regard s’était posé sur la fenêtre non loin, afin d’éviter celui de Gabriel. « Que tu sois sincère ou non, ça n’a plus d’importance. » En réalité, tu mentais. Bien sûr que sa sincérité avait de l’importance à tes yeux. Seulement, tu préférais te cacher derrière ton indifférence plutôt que de lui avouer que tu aurais aimé qu’il le soit bien avant tout ça ... Tu aurais aimé un peu de considération, plutôt que d’être laissé en plan comme un vulgaire pot de fleur. Te considérait-il seulement ? Qui étais-tu réellement pour lui ? La simple nana qu’il devait surveiller comme une enfant de deux ans ? La mission qu’il devait mener à bien ? Le boulet qui le retenait prisonnier ? Et lui ? Qui était-il réellement pour toi ? Si au début, tu l’avais longtemps considéré comme ton surveillant pénitentiaire, comme la personne que tu devais fuir, cela avait bien changé aujourd’hui. Tu avais appris à aimer ses crises de nerf lorsque tu le contrariais. Tu avais appris à aimer sa façon de t’engueuler et de s’en faire pour toi. Tu avais appris à aimer sa présence et à détester son absence. Tu avais appris à l’aimer. Tu avais appris à l’aimer comme tu n’avais jamais aimé avant lui. Tu t’étais surprise à vouloir être plus que sa fausse femme. Cette relation avec cette satanée femme de ménage, t’avait rendu littéralement folle de jalousie. C’était sûrement la raison pour laquelle, tu remettais toujours ce sujet sur le tapis ... Le fait que Gabriel décide de t’éviter après la nuit que vous aviez passée à deux, était simplement, la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase de ta frustration ...

Finalement, après ton monologue enflammé, ton regard s’était posé sur Gabriel, qui s’était assis à tes côtés. Si tu avais pu le fusiller d’un simple battement de cils, tu l’aurais sûrement fait ... Tu te sentais tellement blessée et ses paroles n’arrangèrent rien. Bien au contraire. Comment aurait-il pu t’affronter ? Était-il réellement sérieux ? Posant tes mains sur tes joues, tu tentas de rester calme. Tu ne pouvais pas exploser ... Non. « Il va falloir que tu m’expliques. Tu ne savais pas comment me faire face ? C’est ça ? Pourtant, ça ne t’a jamais dérangé de faire face à ta femme de ménage. Tu ne l’as jamais fui, elle. Elle ne s’est jamais sentie mal ou même rejetée. Sais-tu seulement ce que ça fait de se sentir invisible aux yeux de quelqu’un ? Je suis quoi en fait pour toi ? Une putain de mission ? A moins que je te fasse pitié ? » Esquissant un sourire débordant d’ironie, tu levas les yeux au plafond alors que tes mains, qui s’étaient posées sur ton lit, s’agrippaient au drap, le serrant de toutes tes forces. « Si tu n’avais pas été ivre, ça ne serait jamais arrivé. D’ailleurs, sais-tu réellement ce qui s’est passé ? Alors arrête de me mentir en me disant, que tu aurais aimé que ça se passe dans d’autres circonstances. Sais-tu seulement à quel point, c’est ... Cruel ? » Oui, c’était sincèrement cruel de sa part de te laisser imaginer, ne serait-ce qu’un seul instant, qu’il puisse partager tes sentiments. A moins, que ce ne soit toi, qui soit bien trop aveugle pour comprendre ce qu’il essayait maladroitement, de te faire comprendre ...

Ses excuses, tu les entendis. Mais tu préféras ne pas relever. Tu te contentas simplement de grimacer. Chaque parole. Chacune de ses excuses, te faisaient mal, te blessant un peu plus à chaque fois. En vérité, tu n’étais plus vraiment sûre de vouloir des excuses. Non. Ce n’était plus ce que tu voulais entendre de sa part. C’est idiot, mais tu attendais plus que ça. Gabriel se lança sur un terrain un peu glissant ... Ce que tu avais dit la nuit passée. En réalité, tu ne te souvenais que de quelques paroles. Tu avais lu vos échanges de messages. Ce matin, tu t’en étais voulu d’avoir bu autant. Être alcoolisée, te rendait bien trop honnête. Tu n’avais pas besoin que Gabriel te le dise, pour savoir ce que tu avais bien pu lui avouer. Finalement, le seul moyen pour vous de communiquer, était que l’un d’entre vous, soit saoule. Quelle tristesse. « A quoi t’attendais-tu ? Contrairement à ce que tu penses, je ne suis pas une petite princesse dépourvue de sentiments. » A peine avais-tu fini de prononcer le mot sentiment, que tu te retrouvas dans les bras de Gabriel. Malgré ta contrariété infinie, tu ne pus contrôler les loupés de ton coeur ... Tu avais beau te voiler la face autant que tu le voulais, tu ne pouvais nier l’effet que le jeune homme exerçait sur toi ... Il t’avait mise dans tous tes états alors que la seule chose dont tu avais envie, c’était de lui dire que tu l’aimais et que tu ne supportais plus la façon dont il jouait avec tes sentiments. Même s’il n’en était pas conscient, toute cette histoire te blessait. Horriblement. « Arrête de dire ça, Gabriel. » Même si ton cœur n’avait fait qu’un tour, tu ne pouvais plus supporter de l’entendre prononcer ce genre de choses ... Ton cœur saignait littéralement pour lui, et tu ne te sentais plus capable de supporter ces déclarations de sa part, en sachant que l’instant d’après, il serait dans les bras d’une autre femme ... « Si réellement, je suis importante pour toi, arrête. Si réellement, je t’ai dit ce que je ressentais hier, tu dois savoir quels effets ont ces paroles sur moi. Alors, arrête de te moquer de moi. Les choses ont changées pour moi depuis cette nuit, dont tu sembles ne plus te souvenir. Ça ne m’amuse plus. Je ne veux plus jouer ... » Oui, tu ne voulais plus jouer à faire semblant de te réjouir de ses idylles. Faire semblant de l’encourager à sortir et à vivre sa vie, en oubliant ton existence. Non. Game Over. C’était fini et à ce jeu, tu avais définitivement perdu ...