Assis à table, tu contemple ton assiette encore pleine de gimbaps. Tes yeux se relèvent ensuite pour se poser sur la chaise vide qui se trouve en face. Celle où devait se tenir ta femme, qui actuellement n’est pas encore ici. Tu aurais dû y penser, qu’elle ne viendrait sûrement pas passer une soirée avec toi juste pour te faire plaisir. Elle doit bien s’amuser avec son nouveau copain. Un sourire forcé étire tes lèvres alors que tu rigoles nerveusement, te demandant sérieusement pourquoi tu as mérité ça. As-tu fait quelque chose d’horrible dans ta vie antérieure ? Au point qu’on puisse t’offrir une vie pleine de souffrance sentimentalement parlant ? Rien que voir les couples ensemble dans la rue, qu’ils soient mariés ou non, ça te fait du mal. Toi tu es là, seul. Il ne manquerait plus qu’un teckel pour faire le cliché du pauvre mec esseulé. Soupirant doucement, tu passes une main sur ton visage et finit par te redresser, assiette en main. Tes pas te mènent dans la cuisine où tu t’apprête à jeter ta nourriture dans la poubelle, chose que tu ne fais jamais tellement c’est un blasphème. Tu te ravises quelques secondes plus tard, et tourne la tête vers la fenêtre. Ça ne te ressemble pas de faire du gâchis. Bien que tu te sois donné corps et âme pour faire ces gimbaps (oui tu abuses des mots) tu ne comptes pas les laisser avoir une fin aussi tragique. Enfin… Si on oublie le fait que se faire manger par des titans humains est aussi une fin tragique. Tu secoues la tête et vient prendre un saladier où tu disposes tous ceux que tu n’as pas mangé, et place un film plastique par-dessus pour améliorer la durée de conservation. Puis tu viens enfiler un pull par-dessus ton fin t-shirt, n’aimant pas spécialement montrer ton corps si puissant et svelte. Loin de là l’idée de vouloir pécho tes voisins. Mais passons ! En parlant de voisin, tu sors de chez toi sans oublier la clé et avance en direction de la maison du jeune petit couple (damn it). Quelques secondes seulement et te voilà face à leur porte. Il n’est pas encore si tard que ça, donc tu te permets de sonner doucement, mains tendues et tenant le saladier. Une fois que la porte s’ouvre, tu viens marquer ton visage d’un sourire tout joyeux. « Bonsoir bonsoir ! Ça vous dit un peu de gimbaps ? »

Tu aurais clairement pu penser à si tu allais déranger ou non tes voisins, mais ton entrain est bien trop fort. Ça fait un petit moment que tu habites ici et pourtant, tu vas rarement voir ceux qui habitent au plus proche de ta maison. Chose un peu dommage, vous passez peut-être à côté d’une belle amitié. Alors en plus d’offrir ta joie de vivre et ton joli sourire, tu viens avec de beaux gimbaps joliment préparés par tes petites mains de cuisinier. Tête dépassant de la porte d’entrée, tu peux enfin mettre plus précisément un visage sur le nom de Jake King. Tu ne l’as vu que de loin, ou alors trop rapidement à ton goût pour ne pas pouvoir détailler chaque détail. Toujours bras tendus, tu attends une quelconque réponse. Et bien que ça semblait mal parti avec son « euh… », entendre son ventre grogner de faim te fait glousser tout doucement. Mignon. « Merci beaucoup ! » dis-tu avant de venir te déchausser et caler tes chaussures dans le coin de l’entrée, aussi ordonné que tu puisses l’être. Tu le regardes un peu et avance avec curiosité, observant un peu autour de lui. Vu de l’extérieur, la maison est magnifique. Mais encore plus quand on se trouve à l’intérieur. Tu te retiens pourtant de faire des commentaires. La dernière fois que tu en avais fait, l’ambiance était devenue un peu weird il faut dire. Tu n’as pas envie de brusquer M. King dès le début. Tu le suis jusqu’en cuisine où tu peux enfin déposer délicatement le saladier sur le meuble. Tu hoches la tête. « Ma femme n’est pas là non plus, oui. Elle… » Tu marques une pause, réfléchissant à ce que tu pourrais dire. « Elle a eu une urgence familiale. » que tu bredouilles bêtement avant de te frotter doucement les cheveux. « Bon, je me suis joins à vous comme une fleur. J’espère que vous n’étiez pas trop occupé ! Je me ferais tout petit sinon. » Du moins, s’il te laisse rester déjà, sait-on jamais. Tu respecteras sa décision, restant sur le principe de la politesse en toute circonstance. Au moins, tu auras pu échanger quelques mots avec lui. Et même si sa femme Madelynn n’est pas là, c’est un bon début pour tisser des liens.

Tu sens bien que ton voisin n'a pas l'air commode. Peut-être parce qu'en effet, tu as pris un peu trop tes aises dès le départ. Préparer de la nourriture c'est bien, mais il est vrai que rentrer chez les gens sans avoir prévenu à l'avance, c'est ton point faible. Tu ne penses pas forcément à ce qui pourrait mal se passer, ou ce qui pourrait mettre mal à l'aise ton interlocuteur. Tu essaies donc de calmer ton entrain un peu trop débordant, pour ne pas le brusquer de trop. Un petit effort de temps en temps ça ne fait pas de mal... Non ? Tu le regardes manger quelques gimbaps, et hoche lentement la tête. « Vous faites de la musique alors ? » Question bête et rhétorique en somme. S'il enregistre de la musique c'est bien qu'il fait de la musique en effet. Bravo Eun pour cette déduction incroyable. Tu observes encore un peu autour de toi, frottant doucement tes mains en te mordillant la lèvre. Faire connaissance avec ses voisins n'est pas si facile que ça au final. Tu espères que tout se passera bien. Que tu ne feras pas de gourde. « Oh, un petit café ça m'ira parfaitement. Merci beaucoup. » À cette heure-ci tu ne préfères pas boire d'alcool. Ce n'est pas ton fort, puisque tu ne tiens pas du tout. Et de toute manière, comparé à certains de tes amis, tu préfères les autres boissons. Celles sans alcools. On te charrie toujours quand tu commandes une bière sans alcool dans un bar. C'est un comble en même temps. Aller dans un bar pour ne pas consommer d'alcool. « Vous êtes de Séoul ? » demandes-tu doucement, curieux d'en savoir un peu plus sur lui. Autant commencer en douceur, et commencer par la base.