Enfant unique, tu as été chouchouté par le reste de ta famille. Surtout par ta mère qui n'attendait plus que ton arrivée, après neuf longs mois de grossesse. Une grossesse qui est arrivée à terme sans couac. Du moins, c'est ce qu'on pensait avant ce jour où tu as fait une grosse crise d'asthme durant un jour d'école. Tes parents ont été appelé et ta mère est venu en première, pour s'occuper de toi et aller voir un médecin. Heureusement pour toi, cette maladie respiratoire chronique s'est révélé ne pas être aussi sévère que les autres patients. Tu as simplement un inhalateur sur toi, au cas où une crise surviendrait à nouveau.

La relation avec ton père est totalement différente de celle avec ta mère. Bien qu'il soit tendre avec toi, il a été souvent absent durant ton enfance. Son entreprise passait souvent en première, et même si ça te faisais du mal tu ne disais rien. Après tout tu restais Eunseob, l'enfant joyeux. Enfant qui enferme ses peines au plus profond de soi, pour ne pas inquiéter les autres et être disponible pour eux. Pour les faire sourire. Entendre tes amis parler de leurs relations paternelles te rendait pourtant jaloux. Toi aussi tu voulais être comme eux. Cependant, tu as eu la "malchance" de tomber sur une famille centré sur la réussite et la gloire.

Enfant brillant, tu as vite été le chouchou des profs. École, collège, lycée. Ça te rendait fier, tout comme rendait fier tes parents lorsque tu ramenais des bonnes notes à la maison. Mais d'autres personnes ne t'appréciaient pas pour ça. Tes camarades de classe. Eux ne te voyaient que comme l'intello, et comme une cible à prendre à part pour s'amuser, car tu étais tout simplement différent d'eux. Tu as été victime de moquerie, d'insultes et parfois de coups violents à la sortie des cours. Ce harcèlement tu l'a toujours caché, et ne faisais que camoufler tes marques sous des couches de vêtements. Des marques et des cicatrices encore présentes sur ta peau. C'est pour cette raison que tu n'es plus jamais retourné à la piscine ou à la mer. Et que tu es un piètre nageur. Personne n'a jamais su. Tu as pris sur toi, et attendu que les années passent pour t'éloigner de cet environnement qui t'oppressait. Tu as gardé la tête froide, comme toujours. Car tu savais que plus tard, la vie te sourirait.

C'est à l'âge de tes dix-neuf ans que tu as rencontré pour la première fois Yunhee, la fille du meilleur ami de ton père. Rien ne vous prédestinait à vous rencontrer mis à part ce lien entre vos pères. Au départ, il était prévu que ce soit pour un mariage arrangé. Mais ce n'était qu'une simple amitié pour toi. Vous vous êtes vu plusieurs fois pour sortir durant vos temps de libre, et au fur et à mesure que le temps passait, l'amour est venu frapper à votre porte. Ton premier baiser, c'était avec elle. Et tu t'en souviendras toujours : une nuit d'été, devant la maison de la jeune femme, proche d'un vieux chêne. Un baiser inattendu qui vous a permis de débuter votre histoire. Complices, vous n'avez pas attendu trop longtemps pour vous unir dans les liens du mariage. A vingt-trois ans, tu es allé demander sa main. Vous vous êtes mariés à Séoul, et vous avez passé votre voyage de noces à Paris, la belle capitale de la France et de l'amour. Tu en gardes de très beaux souvenirs.

Les années passent, tu obtiens ton diplôme en commerce pour pouvoir reprendre les rênes de l'entreprise de ton père lorsque ce dernier aura l'âge de passer son flambeau à son fils. En plus d'avoir emménager dans une grande maison toute cosy avec ta femme, vous avez pu rentrer enfin dans le monde du travail. Toi en tant qu'employé commercial, et elle en tant que banquière. Votre vie coule doucement, aucune tension entre vous ou presque, selon quelques sujets qui fâchent comme sa tendance à être facilement jalouse. Chose qui te dérange un peu, car tu aimes bien le contact des personnes. Le contact physique aussi. Tout dépend évidemment de la personne en face de toi, mais c'est primordial pour toi. Tu n'aimes pas quand les relations sont froides et sans peu de contact justement. Tu fais sûrement partie des rares coréens de ton travail à aimer les câlins. Au final, Yunhee ne devrait pas se faire d'inquiétude. Surtout que tu es loyal et honnête envers elle. Jamais tu ne pourrais aller plus loin avec quelqu'un d'autre. Le mariage est sacré dans ta famille.

Le service militaire, passage obligatoire pour tous les coréens. Tu as toujours voulu le retardé, jusqu'à ce que tu te décides à franchir le cap. Autant le faire le plus vite, pour s'en débarrasser. A vrai dire ça ne te plaît pas, et si ce n'était pas obligatoire t'y n'y serais pas allé en effet. Tout ce qui concerne la guerre ou autre, ça te dépasse. Tu préfères largement ton petit cocon de vie. Pourtant, tu as dû faire tes sacs pour deux ans d'aventure dans les forces aériennes. Deux ans qui ont été difficiles, mais enrichissantes. Tu pensais que ça n'allait pas te plaire, et au final l'expérience que tu as pu avoir, tu ne la regrettes pas. Au jour le jour tu ne saurais expliqué comment tu t'es senti là-bas, seulement peut-être utile à la population. Bien plus qu'avant. Évidemment la séparation avec ta famille et ta femme a été le plus dur dans tout ça. Malgré les lettres envoyées et les quelques appels téléphoniques, ne plus les voir physiquement a été un déchirement pour toi. Tu as pourtant encore une fois gardé la tête froide. Tu ne devais en aucun cas te laisser aller pendant ta mission.

Au retour, tu pensais que tout allait être comme avant. Que tu reprendrais ton train-train habituel. Ta petite routine tout simplement. Mais non. Dans la voie professionnelle, tu as fini par prendre la direction d'un konbini au cœur de Séoul. Ton emploi dans l'entreprise ne te plaisait plus, et tu avais envie d'un peu de changement pour une fois. La seule fois que tu t'es autorisé à mettre du piment dans ta vie. Puis, pour ce qui est du côté de ta vie privée... Tu as bien eu l'impression que ton absence n'a pas été aussi horrible que ça du côté de Yunhee. Elle était contente de te voir, certes, mais sans plus. Tu aurais bien voulu la voir émue, à te sauter dans les bras. Au moins quelque chose qui prouvait que tu lui avais manqué. Mais elle t'a simplement embrassé sur la joue et souhaité un bon retour, avant de partir à son travail qui soi-disant lui prenait bien plus de temps. Les conversations n'étaient plus les même non plus. A peine quelques mots le matin et le soir, et ta vie sexuelle c'est aussi le néant. D'ailleurs, avant de partir faire ton service, vous aviez abordé le sujet d'avoir des enfants. Depuis, plus aucune paroles dessus. A chaque fois que tu veux lui en parler, elle fait tout pour éviter cette discussion. Chose qui te déçois et te fait encore plus de mal, sachant que fonder une famille fait partie de tes plus grands rêves.

C'est un an plus tard que tu as découvert le pot aux roses : si tu ne lui avais pas manqué, c'était pour une bonne raison. Elle avait une liaison depuis le début. Depuis que tu étais parti faire ton service militaire. Tu n'a pas su tous les détails. Tu l'a juste surprise à son lieu de travail. Tu voulais lui faire une surprise. Tu lui avais préparé un bon petit plat que tu aurais partagé avec elle pour le midi. Malheureusement tu es tombé sur la pire vision qui soit : ta femme embrassant un autre homme, et souriant comme jamais elle ne l'avait fait avant. Ça t'a fait du mal. Beaucoup de mal. Elle t'a brisé le cœur ce jour-là. Le repas avait fini sa route dans une poubelle, sur le chemin de ton travail. Tu y as passé des heures à cogiter avant de te décider à rentrer chez toi. Et une dispute a éclaté. Une violente dispute. Tu en as pleuré, lorsque tu es allé dormir sur le canapé, cette nuit.

Depuis, tout est différent. Mis à part le fait que tu travailles toujours dans ton konbini et elle a sa banque avec l'autre type... Eh bien... Vous êtes toujours ensemble. Comme dit en haut, le mariage est sacré. Et si ton père venait à apprendre ce qu'il s'est passé, il risquerait d'en faire toute une histoire. Alors après avoir longuement réfléchi ensemble, vous avez pris la décision de vivre votre vie à côté. Et de faire comme si tout allait bien durant les réunions de famille. Chose qui te pèse de plus en plus chaque jour qui passe. Sachant qu'il ne se passe pas une semaine sans engueulades. Le seul endroit où tu te sens mieux reste ton lieu de travail. Le konbini avec tes clients habituels. Tu fais même exprès de prendre des heures supplémentaires et de soulager le temps de travail de ton seul employé. Ce dernier a essayé de te dissuader, pour éviter que tu te surmènes. Mais il n'y peut rien. Personne ne le peut. Tu vis pour travailler. Même si depuis quelques temps, une personne semble vouloir se rajouter dans ton destin.