Suite à une énième dispute avec Naerina, Gabriel avait eu besoin de s’aérer l’esprit, de sortir de la villa car il s’y sentait étouffer. Il l’aimait tellement, mais les choses n’étaient pas aussi simples. Il ne suffisait parfois pas d’aimer quelqu’un pour que tout se passe bien. Et le fait était qu’ils ne cessaient de se disputer récemment. C’était parfois insupportable car il avait l’impression de parler à un mur ou de parler une langue totalement incompréhensible par moments. Et puis, il y avait aussi sa jalousie maladive. Bref, il n’en pouvait plus. Et même si c’était contre ses principes, il était parti. Il avait quitté la maison et il avait commencé à courir. Sans but. Courir lui faisait du bien, il ne pensait plus à rien sur le moment. Il ne savait pas depuis combien de temps il se défoulait sans se soucier de rien ni de personne, mais lorsqu’il décida enfin de ralentir un peu, il fut témoin d’une scène qui ne lui plut pas des masses. Il voyait clairement un jeune homme entouré de plusieurs personnes qui semblaient l’ennuyer. Peut-être n’était-ce qu’une impression, mais Gabriel avait l’impression que ces personnes se montraient un peu trop insistantes. Clairement, le jeune homme ne semblait pas à l’aise, il avait l’air de juste vouloir s’enfuir. A la base, Gabriel avait voulu être tranquille et ne se mêler de rien, mais il ne pouvait pas passer son chemin comme si de rien n’était. Ce genre de situation pouvait vite dégénérer. Et puis, ce n’était pas dans sa nature de détourner le regard.

Alors, il rejoignit le petit groupe, affichant un air sûr de lui. « Qu’est-ce qui se passe ici ? » Les harceleurs lui accordèrent à peine un regard avant de bêtement demander à l’autre si Gabriel était un pote à lui. Le garde du corps fronça les sourcils, puis se fraya un chemin jusqu’au jeune homme. « Il me semble qu’il vous a dit vouloir rentrer. Alors, je vous conseille de faire de même. » Forcément, les autres n’appréciaient pas l’intervention de Gabriel. L’un tenta même de le pousser. Grossière erreur. Le brun lui saisit le poignet pour le serrer assez fort pour le dissuader de continuer. « Je ne le répéterai pas. Allez-vous-en. » Clairement, il n’avait aucune envie de se battre contre des idiots de leur genre. Ou de se battre tout court. Alors pourquoi un autre idiot avait cru bon lui sauter dans le dos ? Résultat, il passa par-dessus l’épaule de Gabriel et atterrit au sol, le souffle coupé. « Quelqu’un d’autre veut essayer ? Ou vous allez enfin partir ? » Apparemment, ça avait suffi à décourager les autres qui préférèrent s’en aller. Gabriel poussa un soupir, puis se tourna vers le jeune homme. « Ça va ? »

Gabriel aurait pu passer son chemin, laisser la situation se régler toute seule, mais ce n’était pas son genre. On ne savait jamais comment ça pouvait se terminer. Il avait vu assez de choses pour savoir qu’il ne fallait jamais prendre une situation comme celle-ci à la légère. Alors oui, il était intervenu avant que ça ne dégénère potentiellement. C’était vite réglé, finalement. Les types étaient surtout de petits malins qui se croyaient meilleurs que tout le monde, mais dès qu’on leur tenait un peu tête, il n’y avait plus personne. Tant mieux. Il n’avait pas spécialement envie de devoir vraiment se battre et d’alerter les flics. Ses anciens collègues. L’ironie. Quoiqu’il en soit, une fois les crétins partis, Gabriel se tourna vers le jeune homme harcelé pour s’assurer qu’il aille bien. « Pourquoi tu t’excuses ? Tu n’y es pour rien. Je passais simplement par là et j’ai voulu aider, rien de plus. Ce n’était pas grand-chose, vraiment. » Il adressa un léger sourire au plus jeune, un peu gêné par ses remerciements. « Ils auraient pu aller plus loin si je n’étais pas intervenu. Je connais ce genre d’énergumènes et généralement, ils ne se contentent pas de quelques paroles intimidantes ou insistantes. » Et puis, mieux valait prévenir que guérir, n’est-ce pas ? « Pourquoi ils te faisaient chier comme ça ? » Il avait beau poser la question, il savait très bien que, parfois, certaines personnes n’avaient pas besoin de raison. Elles jetaient juste leur dévolu sur une pauvre victime et s’en prenaient à elle, juste comme ça. « Je ne demande rien en retour. Mais si tu veux, je t’invite à boire un café ou ce que tu voudras pour que tu puisses reprendre tes esprits. » Pourquoi pas, après tout ? De toute façon, l’autre n’était pas obligé d’accepter s’il n’en avait pas envie. « Yoon Gabriel. Enchanté. » Il s’inclina légèrement afin de se présenter. C’était la moindre des choses, après tout.