PARKOUR ; Voler. S'évader. Liberté. Vivre. Rêver. Le parkour t'a toujours intrigué. Passionné. T'as appris avec ces types, ce soir-là. T'as continué avec eux. Ils t'ont formé, montré, conseillé. Construit. Relevé. Grâce à eux, grâce à cette discipline, tu vis. Tu revis. Tu sens l'adrénaline monter. Et tu le sens tambouriner, ton cœur. Tu le sens cogner. Il s'active, il vit. Il revit. Ca te fait dire que ton frère est toujours là. Il est pas parti. Il est toujours avec toi. Il t'encourage, te soutient, te donne l'envie d'être meilleur. Il te donne la passion. Du sport mais aussi de la vie. Le parkour t'aide au quotidien. A trouver un équilibre. Un échappatoire. T'as l'impression de voler. T'as l'impression d'être libre. Quand tu grimpes, sautes, virevoltes, passes les murs ou à travers les fenêtres. T'as l'impression de décoller. Que tes pieds ne touchent plus la terre et que tes bras te portent jusqu'au ciel, que les nuages te font une place. T'attendant. T'invitant. T'as trouvé l'équilibre. Ton équilibre. Grâce au parkour. T'as trouvé ta liberté.
T'as cru ne plus pouvoir, après l'opération. Il a fallu du temps. De la patience. Aujourd'hui, tu peux. Tu continues.

TO DO LIST ; C'était juste pour rire. Avec Woo Sik, pour vous permettre de rêver et pour ne plus vous concentrer sur les engueulades de vos parents, vous vous étiez amusés à créer une liste de choses à faire « avant d'être trop vieux ». Du sérieux comme des bêtises, il y a de tout sur cette liste : faire du parapente, sauter en parachute, regarder Bambi sans pleurer, lire trois livres par mois (ça, tu galères), apprendre à parler mandarin, acheter une belle maison, être heureux, trouver le grand amour, visiter Paris, adopter deux chiens, se faire adopter par un chat (ça, t'as réussi), voir la mer, ne pas avoir de soucis d'argent, mener une vie tranquille, être heureux, etc. Tu gardes précieusement cette liste dans le tiroir de ta table de chevet. Tu la lis parfois avant de te coucher, afin de te donner une motivation pour te lever le lendemain. Parfois en simple souvenir du temps où ton frère était présent à tes côtés. Tu n'as pas encore tout réussi sur cette liste mais tu t'es promis – tu lui as promis – d'y arriver avant que tu sois trop vieux.

STYLE DE VIE ; Tu fais attention à ce que tu manges, à ce que tu bois. Pas d'alcool, pas de drogue, pas de cigarettes. Tu t'es mis à la cuisine pour pouvoir te préparer tes repas toi-même et t'assurer que tout ce dont tu as besoin soit bien présent. Tu adores les fruits, les légumes et les nouilles. Tu aimes moins le poisson, surtout cru, donc t'en manges rarement. Tu bois un verre de jus de fruits chaque matin, ou un smoothie que tu as soigneusement préparé. Ta cuisine est sans doute la pièce la mieux rangée de ton apparemment (pas qu'il soit dans un chaos monstre mais tu laisses traîner des affaires ici ou là. Chargeur, pulls, mangas, tablette...). Tu fais un petit footing tous les matins, pour te réveiller et te mettre en forme pour la journée. Tu es plutôt relax, et posé, sans prises de tête et facile à vivre. T'es un peu grognon au réveil, t'aimes pas quand on te parle ou qu'on te mitraille de questions. Paradoxalement t'es sacrément tactile aussi, au réveil, et tu cherches la chaleur parce que t'as froid. T'as tout le temps froid – enfin quasiment. T'es un grand frileux, tu l'as toujours été. Tu prends soin de bien te couvrir depuis ton opération, ne voulant pas attrapé bêtement froid. Tu lis quelques mangas ; il n'est pas rare de te voir attablé avec l'un d'eux en mains à la terrasse d'un café. Tu écoutes pas mal de musique, et un peu tous les genres. Tu essaies d'avoir un rythme de sommeil régulier, histoire de ne pas être fatigué durant la journée – mais c'est difficile. Il y a des jours où tu te réveilles épuisé même après une bonne de sommeil. Il y a des jours où tu te réveilles, une douleur sourde au cœur. Tu adores les animaux. Tu t'entends plutôt bien avec les enfants (il faut que dire les pirouettes que tu fais piquent leur curiosité quand tu vas les aider pour chercher le ballon coincé dans l'arbre). Tu vis dans une sorte de déni ; non, ton frère n'est pas mort. Il est toujours là. Il est encore là. Il restera là. Tu prends soin de lui au quotidien et le temps que ton cœur battra, le sien aussi. Tu lui parles souvent. Quand tu es seul chez toi ou quand tu vas te recueillir sur sa tombe.

Tu appartiens à ton chat, un Sacré de Birmanie, âgé de trois ans, répondant au doux nom de Bounty parce que tu aimes bien la noix de coco.

INSTAGRAM ; T'as ouvert un compte sur la plate-forme sans aucune arrière pensée. Au début t'y mettais rien. Vraiment rien. Mais t'as commencé à mettre des petites vidéos de toi. De ton entraînement. Tu demandais à un ami de tenir le téléphone pendant que tu t'agitais somptueusement. Au-dessus d'un mur. Du vide. En grimpant dans un arbre. Un peu tout et rien. Des choses complexes qui paraissent simples. Des choses simples qui demandent beaucoup d'entraînement, d'agilité, de souplesse mais aussi d'endurance. Ton nombre de vues, d'abonné.e.s, a commencé à grimper. On te félicitait, t'encourageait. On te demandait des conseils, aussi. On te demandait si tu pouvais filmer ci ou ça. Faire ci ou ça. Parfois tu faisais simplement la roue, l'équilibre. Parfois un simple salto. On te demandait de continuer. On te posait des questions. Des tas de questions. On commençait à s'intéresser à toi plus qu'au sport. Les sponsors arrivèrent. Les « fans » aussi – tu sais pas trop si tu peux appeler la communauté qui te soutient des fans. T'es pas acteur, chanteur ou modèle. Tu vis, c'est tout. Tu te permets d'être libre, de t'envoler, au lieu de rester accroché, pieds et mains liés.

YOUTUBE ; T'as arrêté de compter le nombre de fois où on t'a demandé si tu avais un compte youtube, si tu publiais tes vidéos là-bas ou si tu pouvais en ouvrir un. Au début, tu ne savais pas trop si tu devais. Si c'était une bonne idée. Mais tu l'avais fait. Tu y as mis des vidéos plus longues. Ta caméra contre le torse, tu filmes des scènes parfois dangereuses, parfois amusantes. Ta caméra fixée sur le torse, tu fais vivre ta liberté aux personnes qui regardent. C'était un peu étrange au début mais maintenant tu t'y es fait. Tu mets des vidéos de plus en plus longues. Parfois, tu mets l'intégralité de ton parcours. D'autres fois ce ne sera qu'un bout – le plus intéressant selon toi. D'autres fois encore tu postes des vidéos explicatives, où tu prends le temps de montrer figures et pirouettes. Les gens aiment tes vidéos – bien sûr, certains n'aiment pas. Mais tu essaies de passer au-dessus comme ton frère l'aurait fait. Tu essaies d'oublier ces commentaires-là. On te demande souvent de poster plus de vidéos de toi dans la vie de tous les jours. Tu le fais, parfois. Tu t'es déjà filmé en train de faire les courses – et c'était vraiment gênant. Peut-être que tu le referas un jour.