OTOD|Accoudé au bar, ton doigt faisait défiler les photos qui se trouvaient dans ton cloud. Autour de toi, quelques verres vides. Des verres que tu avais bus à une vitesse presque effrayante. Lorsque tu étais sorti de scène après avoir chanté quelques chansons que tu avais récemment écrites, tu avais salué tes amis avant de venir t’installer au bar. Comme souvent depuis quelque temps, tu ne comptais pas rentrer tout de suite chez toi après ton concert. Avant ça, tu avais besoin de noyer ta peine dans… L’alcool. En réalité, tu n’étais pas vraiment du genre à traîner dans les bars. Tu étais ce style de mecs qui préférait s’enfermer dans sa chambre pour gratter quelques notes sur son piano électrique en fredonnant des brides de paroles. Du moins, c’est ce que tu étais jusqu’à ce que tu croises Jae-ho … Dans ton université et à Séoul, de surcroît. Lorsque tu avais quitté ton île, tu étais parti sans te retourner. Tu avais espéré pouvoir reprendre ta vie en main et laisser derrière toi toutes les choses qui t’avaient tant fait souffrir. À commencer par Jae-ho … Comme un idiot, tu pensais que tes sentiments s’estomperaient avant de finir par disparaître. Tu pensais que ton passé ne resurgirait jamais. Tu pensais que jamais, tu ne reverrais ton meilleur ami. Du moins, ton ex-meilleur ami. Mais ça, c’était avant de te retrouver nez à nez avec lui, dans les couloirs de l’université, alors que vous vous apprêtiez à rentrer dans le même studio de danse. Depuis, les cours t’étaient devenus insupportables. Ta dépression avait rejailli, te tirant dans un trou , dans lequel tu n’apercevais pas de fond. En réalité… Ta vie était, de nouveau, devenue à peine supportable pour toi. Tes idées noires avaient refait surface une par une. Les battements de ton cœur te faisait souffrir comme jamais. Surtout quand tu voyais le jeune homme se dandiner tout sourire aux bras des plus jolies filles de la classe, alors que toi, la seule chose dont tu avais envie, c’était de mourir. Littéralement…

Ces photos, c’étaient vos souvenirs. Des souvenirs heureux que tu n’avais pas eu le courage d’effacer, que ce soit de ton téléphone ou de ta mémoire. Irrémédiablement accro à ce beau brun, tu n’arrivais pas à oublier le mal qu’il avait pu te faire. Les mots qu’il avait prononcés ce jour-là, résonnaient encore comme un horrible écho dans ton esprit. Que tu le veuilles ou non, un regard sur lui, te les rappelait à chaque fois. Tu aurais pu l’oublier, c’est vrai. Mais tu en avais été incapable. Alors au lieu d’essayer d’oublier ton amour de jeunesse, tu avais préféré te laisser glisser dans un vice qui te permettait de te sentir mieux, juste l’espace de quelques heures… L’alcool, c’était le pansement que tu appliquais presque chaque jour sur cette plaie béante. Alors même si tu en étais à ton… Quoi ? Quatrième verre, sans compter tous les shoots que tu avais pris avant, tu interpellas une nouvelle fois le barman. « Un autre, s’il te plaît. » Ton esprit embrumé t’avait permis de le tutoyer. En attendant ton verre, tu t’étais complètement affalé sur le bar. Tête posée sur l’un de tes bras, alors que de l’autre, tu faisais défiler, une fois de plus, une fois de trop, ta galerie photos. Si tu n’avais pas été sous l’effet de l’alcool à ce moment-là, tu te serais, certainement, mis à pleurer comme une fillette en manque d’attention. À lieu de ça, tu t’étais mis à marmonner. « Idiot. Jay, tu es un putain d’idiot. Ouéééé ! Tu m’as bien compris ! Un crétinnnnn. » Devant tes yeux, tu vis apparaître ton verre que le barman venait de déposer… Brusquement. Relevant d’abord ton regard, tu fronças les sourcils alors que tu tentais de discerner les traits du barman qui te semblaient… Étrangers. Mais où était celui qui s’était occupé de toi toute la soirée ? « Merci ? » Dis-tu d’un ton hésitant. Décidant de te relever, tu passas ta main dans tes cheveux afin de remettre de l’ordre dans ta crinière en péril. « Tu sors d’où ? Tu n’es pas le barman de toute à l’heure ? » Nouveau froncement de sourcil alors que tu te rapprochais un peu pour tenter de voir le barman plus… Distinctement. « En vérité, je m’en fou. J’ai l’impression de ne pas avoir perdu au change ! » Parce que oui, le nouveau barman était à tomber contrairement à l’autre, qui semblait blasé de la vie. Sortant ton plus beau smile Colgate, tu posas ton coude sur le bar afin de pouvoir poser ta joue sur ta main. De ton point de vue, tu avais l’impression que cela te donnait un air… Cute ? Quelle blague ! « Je suis sûr que même dans la nuit, tu brillessssss comme une étoile ! » Mais Noah ? Qu’essayais-tu de faire en lui sortant ta plus belle réplique tirée tout droit, d’un manuel de drague pour les gros nuls ?