Jae-Ho revenait tout juste de son dernier cours de danse de la journée et il avait hâte de juste pouvoir se poser un peu, voire jouer une partie en ligne avec ses potes. Et puis, il commanderait à manger parce que, comme souvent, il avait la flemme de préparer quelque chose. C’était plutôt un bon programme pour la soirée. Sauf que ce programme allait être bientôt chamboulé. En effet, il s’était d’abord rendu dans la salle de bain pour prendre une douche bien méritée, ne se doutant pas de ce qui se tramait dans son salon. C’était un complot ! Dès qu’il ouvrit la porte de la salle de bain, il le savait. Il le sentait. Il avait des frissons. C’était comme s’il avait un radar à monstres. Car oui, sur l’un des murs de la pièce à vivre se trouvait un monstre à huit pattes, un énorme monstre velu, prêt à lui bondir dessus pour en faire son repas du jour. Oui, bon, c’était totalement exagéré, mais Jae-Ho avait une peur bleue des araignées, une peur incontrôlable qui le fit littéralement hurler et courir à toute vitesse vers la porte d’entrée sans se soucier du fait qu’il portait seulement un pantalon de survêtement et une serviette sur les épaules. Pieds nus, à moitié à poil, il se précipita vers la porte de l’un de ses voisins. Ce dernier le connaissait bien maintenant. Ou du moins, il connaissait surtout ses crises de panique à la vue d’un monstre. Au fond, Jae-Ho savait que c’était ridicule, mais c’était plus fort que lui. Il se mit à sonner et à frapper à la porte de son voisin comme un fou. Sans doute allait-il alerter presque tout l’immeuble. « Ho-Seooook ! Hyuuuung ! » A croire que sa vie était en danger. Il était pathétique. Lorsque le plus âgé ouvrit enfin, Jae-Ho se retint de lui sauter dans les bras. « Y a un monstre chez moi ! Viens vite ! Vieeens ! » En fait, il ne lui laissa pas le choix et le saisit par le poignet pour l’entraîner avec lui. Une fois devant sa porte, il entra le code, ouvrir la porte et poussa Ho-Seok à l’intérieur tout en restant planqué derrière la porte. Ridicule ? Totalement.

Ho-Seok savait déjà qui frappait ainsi à sa porte.
Et il savait déjà pour quelle raison.
C’était devenu son quotidien.
Tuer les petites bêtes qui osaient s’infiltrer chez Jae-Ho.
Le comportement du jeune homme l’amusait.

Ho-Seok prend tout son temps pour sortir de son lit et enfiler ses pantoufles avant d’ouvrir la porte d’entrée.
Peut-être était-il de nature sadique mais entendre son voisin hurler ainsi était hilarant.
Il finit par ouvrir et se fait tirer hors de son appartement et traîner jusqu'à celui du jeune homme.

Il examine la pièce, à la recherche de la bestiole.
Il la retrouve finalement sur le mur du salon.
Toutefois, elle est placée bien trop haute pour que Ho-Seok l’atteigne.
Il aura besoin de quelque chose pour la faire descendre.

Tu le ranges où ton balai?

Une fois l’objet en main, il le hausse et frappe l’araignée.
Cette dernière tombe du mur.
Elle tente de s’échapper mais Ho-Seok est bien plus rapide qu’elle.
Elle finit écrasée.
Ho-Seok jette un coup d’oeil à la porte d’entrée.
Jae-Ho se cache toujours de l’autre côté, trop peureux pour même assister à l'exécution de son pire ennemi.

Tu peux rentrer maintenant, c’est safe.

Ho-Seok pointe du doigt le cadavre de la bestiole.

Par contre, vu sa grosseur, c’est surement une femelle. Elle a probablement déposé des oeufs pas loin.

En vérité, Ho-Seok n’en sait rien.
Il n’est pas un spécialiste des animaux mais taquiner Jae-Ho est si facile.

Dans un documentaire, un homme a raconté qu’il a retrouvé des centaines d’araignées chez lui. Une ponte avait eu lieu dans sa chambre. Il s’est réveillé avec une colonie sur son lit.

Le pauvre est sûrement en train de considérer le déménagement.
Ho-Seok décide de mettre fin à ses souffrances.

Je plaisante. J’y connais rien en araignée. Je ne sais même pas si c’est une femelle ou un mâle. Déménage pas.

Parfois, Jae-Ho se sentait juste très con. Souvent, même. Surtout quand il se mettait à paniquer à la vue d’un monstre, comme il appelait communément les araignées qui élisaient parfois domicile chez lui. D’ailleurs, il ne s’expliquait pas cette peur irrationnelle. Toujours était-il qu’il était incapable de s’en occuper lui-même. Alors, il avait trouvé une bonne poire en la personne de Ho-Seok, son voisin. Et, une fois n’était pas coutume, ce dernier eut encore droit à la crise de panique du jeune homme. Le contraste entre les deux était presque comique, entre le mec paniqué et le mec presque blasé. Lorsque Ho-Seok lui demanda où était le balai, Jae-Ho pointa l’index vers le petit placard à l’entrée, tout en restant planqué derrière la porte comme un gamin effrayé par le monstre imaginaire sous son lit. Il n’assista d’ailleurs pas à l’exécution de la bête et ne passa la tête par l’entrebâillement de la porte qu’une fois que son voisin lui indiqua qu’il pouvait entrer. Il ne put s’empêcher de frissonner en voyant la bestiole morte par terre. Même s’il ne s’enfuyait plus en criant, il n’aimait pas pour autant voir ces bestioles, même mortes et aplaties comme une crêpe.
« Merci ! Et… » Il fut coupé court par Ho-Seok qui ne trouva rien de mieux que de lui faire peur en affirmant qu’il s’agissait d’une femelle qui devait avoir mis des œufs partout. Jae-Ho observa son interlocuteur avec des yeux effarés, figé sur place. « T-T’es pas sérieux… ? » Et l’autre qui continuait, rajoutant une couche à cette histoire. Rien qu’en imaginant la scène décrite, Jae-Ho se mit à trembler. « N-Non ! Arrête ! » Il se mit à regarder autour de lui, anxieux, s’imaginant déjà fuir son appartement pour aller se réfugier chez Enoah. Et puis, son voisin déclara de la façon la plus tranquille du monde qu’il plaisantais. « Quoi ? T’es sérieux, là ? » Jae-Ho fronça les sourcils. « C’est pas drôle ! Vraiment pas drôle ! Tes conneries vont m’empêcher de dormir, maintenant ! » Car ça avait beau avoir été une blague, l’imagination du jeune homme ne s’arrêterait pas pour autant. « Débarrasse-moi de ce cadavre au moins ! Tu seras en partie pardonné… » Oui, juste en partie ! « Idiot ! » Il ne résista d’ailleurs pas à l’envie de lui faire une légère tape sur l’épaule pour signifier son mécontentement. « T’as de la chance que je connaisse pas tes phobies, sinon je me serais vengé ! » D’ailleurs, il se rendait compte qu’il ne savait pas grand-chose sur son voisin, finalement. Il était un personnage assez mystérieux.

Comme prévu la réaction de son voisin est hilarante et Ho-Seok ne peut s'empêcher de rigoler.
Le jeune homme est si crédule. La peur lui a sans doute fait perdre la raison.
A l'aide d'une pelle il ramasse ce qui reste de la bestiole puis la jette à la poubelle.

J'ai pas de phobies, moi. Je n'ai peur de rien.

Il ment, bien sur.

Oh! Ah si, j'en ai une! J'ai peur -non, je suis effrayé- de la bouffe! Ma hantise, vraiment. Emmène-moi dans un restaurant et je frôle la crise cardiaque.

Il se débrouille en cuisine.
Mais il n'a que très rarement la motivation.
Alors son frigo est rempli de plats à réchauffer.
Paradoxe : il adore la bonne bouffe.
Il veut le beurre et l'argent du beurre.
Alors s'il trouve une opportunité, il saute dessus.
Peut-être son voisin pourrait le nourrir et en échange il s'occuperait des bestioles qui le traumatisent tant.