Fashion of the moment || Contrairement à la croyance populaire, Sang Min n’a pas des amis que dans le monde de la musique. Je sais, ça les choquera tous ! Mais probablement moins quand ils comprendront qu’elle est une PNJ. Le jeune auteur s’était laissé convaincre par son amie de sortir de chez lui. Sacrilège qu’il avait déjà commis, plus tôt dans la semaine, mais qui s’était avéré être un franc succès. Il avait donc hésité, mais franchement, entre ça et l’entendre gueuler sa toute dernière fanfic de Minmin, devant sa porte, le choix avait été simple. Parce que oui, elle lui avait laissé ces deux “options” et il la savait très capable de lire les détails les plus crus qu’il n’avait jamais voulu lire. À vrai dire, Sang Min n’avait jamais voulu lire ou regarder la moindre de ses fanfics le concernant. Il ne comprend d’ailleurs toujours pas comment la manhwaga fait pour écrire et dessiner de telles histoires mettant directement ses amis en scène, pas de simples inspirations dont l’évolution les fait dévier de la vraie personne, mais vraiment eux. Il ne comprendra sûrement jamais. Ku Fei est… un cas. Tout simplement. Cependant, ses intentions n’étant jamais mauvaises, elle finit toujours par amadouer le coincé. Comme à son habitude, elle se montrait envahissante. Bras dessus, bras dessous, elle marchait joyeusement aux côtés de l’artiste. Le contact physique ne le mettait pas nécessairement à l’aise, mais c’était mieux d’occuper ses mains… Autrement, la jeune femme serait capable de la glisser dans la poche arrière du pantalon du jeune homme et marcher comme ça, sans aucune gêne ou honte. Ils avaient fait quelques boutiques déjà. La Chinoise avait même tenté, à quelques reprises, de le traîner dans des sex shops ou boutiques de lingerie, mais il avait réussi à l’en tenir éloignée. C’est qu’il sait qu’elle est incontrôlable dans ces environnements. Elle dira toujours que c’est une déformation professionnelle que d’avoir envie de tout essayer ou tout prendre en photos… et Sang Min n’en doutera même pas. Après tout, il sait bien de quel genre sont ses oeuvres… Ses images de références ne peuvent donc qu’être explicites. Lui-même écrivant du contenu que les âmes innocentes ne sont pas supposées voir ne la juge donc pas. Cela dit, elle a réussi à le traîner dehors… mais il ne faudrait pas exagérer.

Ku Fei marmonne un peu dans sa barbe inexistante, trouvant dommage que le jeune homme ne porte jamais rien qui révèle son cou ou ses bras. Après tout, nombre de gens adorent ces zones du corps ! Elle est certaine qu’un petit bout de peau s’avérerait très érotique ! Sang Min se contente de soupirer et de la regarder de travers suite à ce dernier commentaire. Il n’y a rien de sexy ou d’attirant chez lui, encore moins sur ces parties marquées par des douleurs passées ! L’artiste ne lui en tient toutefois pas rigueur, puisqu’il sait qu’elle ne pense pas à mal faire, puis qu’en plus, elle ne sait absolument pas la raison pour laquelle il couvre toujours ses bras de la sorte. C’est sans lui demander son avis qu’il l’entraîne dans une boutique de vêtements qu’il affectionne particulièrement. Les produits y sont de qualité, très confortables et ont un style qui lui plaît. Ce n’est malheureusement pas là qu’elle trouvera des déshabillés et des micro-vêtements. Enfin, c’était ce qu’il pensait… jusqu’à ce qu’il ne voit la nouvelle section qui a été ajoutée pour le trahir. Il écarquille les yeux, plus que surpris par ce genre de contenu qu’il n’a jamais trouvé ici en plusieurs années de loyaux achats. Mais bon… ça doit plaire à des gens, si ça attire plus de clients, la boutique devrait rester ouverte et c’est le principal. Ku Fei glousse de bonheur, faisant quelques petites trouvailles, alors que Sang Min l’abandonne pour aller dans la section des pulls oversized. Un très joli attire son regard. Il est sur le mannequin. Évidemment. Sinon, ça n’aurait pas été drôle ! L’auteur est toutefois convaincu qu’il plairait à Min Ho et qu’il lui irait très bien. Cela lui suffit à se motiver à chercher dans tous ces vêtements pliés et accrochés partout. Après quelques minutes de recherche, il pose enfin la main sur son Saint-Graal. Merde.. c’est juste un pull de la même couleur, mais avec un horrible dessin devant. Pourquoi ils ont fait ça ?! Sang Min allait reprendre ses recherches, mais il sursaute violemment en sentant une main sur sa fesse droite. La gauche aurait été aussi sensible, cela dit.

Il se retourne plus rouge qu’une canna et tombe sur une Ku Fei toute illuminée. La peur s’immisce doucement en lui, cette expression sur le visage de son amie ne lui dit rien qu’y aille. Une question n’a même pas le temps de franchir ses lèvres qu’elle attrape déjà son poignet et le tire dans les rangées, puis se cache - absolument pas discrètement - derrière deux mannequins.

-« C’était pas elle ton inspiration ? Tu sais, avant de me rencontrer et que je te raconte tout et te montre tout ! » dit-elle, trop fort pour être subtile, en lui indiquant la jeune femme… enceinte !

Ku Fei regrettera toujours de ne pas avoir pu lui montrer les techniques en live. Mais, c’est que l’auteur refusait de se joindre à ses expériences, qui sont strictement pour le travail ! Enfin, pour le plaisir aussi… Mais, la manhwaga dira toujours qu’il faut faire des sacrifices pour sa passion et il n’y a personne de plus investi dans sa carrière de dessinatrice de webtoons érotiques qu’elle. Sang Min n’en fait pas autant. Il n’a même pas réussi à regarder plus de deux vidéos de son amie. Il disait que c’était trop malaisant, la chochotte, et se contentait donc de ses témoignages oraux. Même eux devenaient rapidement trop détaillés à son goût, cela dit.

Sang Min n’est pas trop certain, mais il tente de lancer quelques regards discrets dans la direction de la jeune femme. C’est que lui, contrairement à une autre, n’est pas très à l’aise à l’idée que cette conversation ne soit surprise. Mais bon, vu le ton de Ku Fei et combien elle est “bien” cachée, l’artiste devrait dire au revoir à ses espoirs. Ses yeux s’arrondissent, alors que son teint reprend des teintes d’embarras. Il cligne des yeux et se retourne vivement, afin de tourner le dos à l’inconnue qu’il a généralement vu… beaucoup moins vêtue…

-« Woah ! C’est vraiment elle ?! Je n’étais pas certaine… comme tu ne voulais pas me filer le lien de sa page et que j’ai dû faire appel à mes talents de Sherlock Holmes pour savoir… mais elle est vachement belle ! » commenta la jeune extravagante, sans gêne.

-« Je sais… mais ta gueule… elle doit pas avoir envie d’être dérangée… encore moins de savoir…! » murmura Sang Min, qui essayait encore plus de se cacher, maintenant.

Ku Fei, pour sa part, ne bouge pas et continue de fixer avec admiration l’ancienne muse de son ami.

Fashion of the moment || L’auteur n’est généralement pas du genre à être embarrassé par son art, et ce, même s’il se révèle parfois explicite. Il juge rester dans le bon goût, peindre les scènes dans l’intimité et la sensualité… même s’il décrit en détails les sensations et ressentis. Autrement, quel serait l’intérêt d’insérer ce genre de scènes dans ses romans, de toute façon ? Le lecteur veut pouvoir s’imaginer les choses, pouvoir les ressentir aussi et se délecter de l’évolution que cela apporte. Il aurait pu choisir de ne pas les écrire, mais Sang Min jugeait que de se censurer revenait à faire comme s’il avait honte de son imaginaire. Certes, le fait que cela ne puisse le faire passer pour un pervers ne lui plaît pas particulièrement, mais l’auteur tenait à sa liberté d’expression artistique. Pour lui, ces pages sensuelles ne sont que l’équivalent des nus qu’il peint et qu’il vend aux galeries d’art pour de belles sommes replètes. Pour Ku Fei, elles sont l’aveu d’un pervers qui se cache derrière l’attitude timide et réservée de son ami. Elle rêve encore d’être abandonnée, ne serait-ce que 5 minutes, avec une des … deux… anciennes relations de l’artiste, afin de savoir si ses hypothèses sont vraies ou non ! À défaut d’un/e ex, la manhwaga est bien prête à se contenter d’une ancienne muse. Est-ce bien celle qu’elle pense ? Ni une, ni deux, la voilà qui entraîne le pauvre nippon et plante les prémisses d’une situation bien embarrassante. Alors que lui aimerait pouvoir retourner à ce fameux pull, la Chinoise le retient, ne lâchant pas des yeux la jolie créature qui avait inspiré de sulfureuses scènes.

Sang Min sent son sang se glacer dans ses veines, alors qu’il croit comprendre qu’ils ont été repérés. En même temps, quoi de plus normal quand on se tient à côté d’une Ku Fei qui regarde avec admiration étincelante l’autre jeune femme ? La manhwaga, elle, comme à son habitude ne ressent aucune gêne et offre plutôt un sourire ravi à l’inconnue. L’auteur se retourne lentement, afin de faire face à la brune. Il est impensable de laisser son amie gérer la situation, même si son anglais est possiblement meilleur que celui du Japonais.

-« Quoi qu'est-ce que vous avez à m'regarder ? »

C’est presque étrange de l’entendre dire une phrase complète. Il faut admettre que tous les deux l’ont plus souvent entendu gémir, que proprement parler. Le rouge lui remonte aux joues à cette pensée et l’auteur détourne les yeux, le temps de trouver le courage - et la grammaire - afin de formuler une réponse.

-« Eh… Sowwy ? » commença-t-il, se doutant que sa prononciation devait être mauvaise. « Eh… Vous ressemblez à… quelqu’un… dont… on est fan ? » tenta-t-il d’expliquer, sans pour autant complètement s’afficher.

-« Ouais ! Vous êtes troooop belles ! Alors, ce doit être vous qui lui avez inspiré les passages saphiques de ses romans. » enchaîna Ku Fei, beaucoup trop honnêtement pour la survie de l’auteur.

Les yeux de ce dernier devinrent d’ailleurs ronds comme des pièces, alors qu’il se retournait au ralenti vers son amie. Comment elle le balançait comme ça, au calme !

-« Vous aviez une page OnlyFan, non ? » continua-t-elle, terminant d’achever le pauvre artiste.

C’est qu’habituellement, il aime attendre… toute une vie avant de partager comme ça à une inconnue, sans raison, qu’il est abonné à ce genre de site. Sang Min ne peut que sentir la panique s’immiscer en lui. Si c’est bel et bien elle, elle aura toutes les raisons du monde de les regarder de travers. Si ce n’est pas elle, elle aura encore plus de raisons de les regarder de travers ! Elle ne semble pas l’avoir reconnu, donc, la caucasienne ne doit pas être fan de leurs oeuvres - ou si elle les lit ou les a vu, elle n’a jamais été chercher la tête derrière. Il ne sait pas si c’est rassurant ou non. Si elle connaissait leurs jobs, elle pourrait comprendre que le fait qu’ils ne soient fans tombent sous le sens. Enfin, c’est ce qu’il essaie de se dire pour se calmer…

-« Pardon, mon amie est folle. » paniqua-t-il, en se retournant vers la femme enceinte.

-« Hey ! » objectionna la dite amie folle, pas du tout d’accord.