Je commence à me plaire à Séoul. J’y trouve petit à petit mes marques et je pense que la présence de ma sœur à mes côtés n’y est pas étranger. Venir vivre à la capitale avec elle, était la meilleure idée que je pouvais avoir. On change de vie mais on est là l’un pour l’autre, pour s’épauler dans la difficulté. Dans cette grande ville, on ne se sent pas tout à fait seuls puisqu’on est ensemble. Quand on sait qu’on ne s’est rencontré qu’à l’adolescence, on peut s’étonner du lien qui nous unis. Je ne pourrais pas l’expliquer. Peut-être parce qu’elle ressemble à sa mère, j’ai fait un transfère d’affection. Qui sait ? J’avoue que je ne me pose pas plus de question que ça. Jisu est ma petite-sœur et je veille sur elle comme un bon grand-frère, que je n’ai pourtant pas toujours été. Après tout, j’ai eu moi aussi mon lot de problème et j’en porte encore de profondes cicatrices.

Ce soir, on a décidé de prendre du bon temps. Je travaille dans un bar mais ça ne m’empêche pas d’aimer faire la fête dans d’autres établissements. Ce n’est pas ce qui manque à Séoul et c’est l’occasion de s’amuser même si je garderais toujours un œil sur la beauté qui m’accompagne ce soir. Promis, je ne jouerais pas les grands-frères trop protecteur. Jisu a aussi besoin de s’amuser, juste que je n’ai pas envie qu’elle tombe encore sur un connard qui va lui briser le cœur. Un connard dans mon genre, sauf que moi je suis son frère et que je ne lui ferais jamais de mal. Malheureusement je sais bien qu’elle a besoin d’un autre genre d’homme dans sa vie et qu’en tant que frère, je ne pourrais pas remplir sa vie à tous les niveaux, ce qui est aussi valable pour la mienne.

Ça ne m’empêche pas de passer un bras autour de ses épaules alors que nous nous éloignons de mon Impala noire. Une voiture de collection que je bichonne et à laquelle je tiens comme à la prunelle de mes yeux. C’est la seule chose que j’ai ramené avec moi de Mokpo et pour rien au monde je ne m’en séparais.

La boite de nuit n’est qu’à quelques mètres. Il y a un peu de queue à l’entrée. Ce qui me laisse le temps de m’en griller une si ça ne dérange pas ma très chère sœur.
« Je peux fumer ? »
Je sors déjà mon paquet, prêt à glisser une clope entre mes lèvres dès qu’elle m’en donne le feu vert. Oui je sais, je dois arrêter de fumer mais c’est plus fort que moi quand je sors. C’est un peu comme la clope après le sexe.

Peu à peu, je prends mes aises dans cette capitale. Dire que j'ai fait ma vie à de nombreuses villes et j’ai retrouvé la mort et la violence n’importe où. Toutefois, l’histoire de mon meilleur ami m'a véritablement achevé. Lui, dont j'ai éprouvé pendant des années des sentiments qui étaient hors de mon contrôle. Lui, dont je pensais que c’était le bon. L'homme de ma vie. Hélas, à peine quelques mois ensemble, un accident est survenu. Un accident de voiture qui s’est terminé tragiquement et je n’avais pas mon mot à dire sur ce sujet. Je ne roule pas sur l’or et je n’avais pas d’autre chose que de faire une petite réception afin de lui rendre hommage et lui faire des adieux. Je suis en train de me dire que je n’ai pas de chance dans ma vie. Un déménagement chez mon amoureux, je reçois un collier signe qu’on officialisait notre relation et ensuite l’accident. Le destin est sans scrupule avec moi. Certes ; j’ai pleure beaucoup. Mon frère a eu la gentillesse de m’épauler quelques temps avant qu’il puisse dire son idée par rapport à seoul. Un nouveau départ ? Je n’ai pas le choix, mais ça évitera de plonger dans une dépression trop longtemps avec mes études, etc.

Donc une nouvelle vie. Un nouveau départ et surtout une nouvelle carrière pour ma part. Un nouveau appartement et en vivant avec mon demi frère. Dire que nous nous sommes rencontrés officiellement durant notre adolescence, mais nous nous entendons bien. D’ailleurs, en cette belle journée, il m’a demandé de sortir. Au départ, j’étais légèrement sceptique. Pourquoi voudrait-il sortir avec moi ? Suis-je assez convenable ? Je ne souhaite pas lui faire honte avec mon état… enfin. Je dis cela, mais il est autant blessé que moi. Je ne sais pas ce qui s’est passé avec lui d’ailleurs, mais je ne pose pas de question. Autant plus, j’espère que nous n’allons pas fêter à son lieu de travail, car je ne veux pas qu’il lui arrive des mésaventure et qu’il ne retrouve avec plus de taff. Oui, c’est un peu la première fois que je le vois quitter avec son impala pour dire qu’il va travailler. C’est si beau à voir.

Alors nous devons aller à cette soirée. Je me prépare. Je le suis pour m’asseoir sur le côté passager de son impala et on prend la route. Arrivé à la destination, je sors afin de prendre le chemin de la queue pour entrer dans ce bar, mais Jin seop me prend par les épaules. Qu’est-ce que ? Est-ce qu’il me prend pour sa poulette ou il veut uniquement éloigner les gros lourds de ma personne ? Je l’ignore, mais je ne fais rien à part lui jeter un regard interrogateur. « à ton aise. » j’accordais sa permission de fumer et même que je profite de lui prendre une inspiration avant de remettre sa clope entre ses lèvres. « quoi ? Je fumais aussi avant, mais rarement. » bon je volais toujours des fumées comme ce que j’ai fait avant de me dire que finalement, je n’aurais pas dû. J’ai eu ma dose de nicotine pour quelques mois. Avançant quelques pas, je retourne mon attention sur mon frère. « qu’est ce que tu mijotes avec cette soirée ? » Demandais-je par curiosité.

Dès que j’ai son feu vert, j’allume ma cigarette mais ce que je n’avais pas prévu, c’est qu’elle me la pique. Cela ne dure que quelques secondes, le temps de prendre une taffe mais c’est suffisant pour que je lui adresse un regard choqué. Jisu fume ? Depuis quand ? Pourquoi je n’étais pas au courant ? Je lui adresse un regard contrarié pour la forme avant de répondre à sa question en lui offrant cette fois-ci un sourire malicieux.
« Rien du tout, je te jure ! J’ai juste envie de passer la soirée avec la plus belle femme de Séoul, aka ma petite-sœur. »
J’ai surtout envie de lui changer les idées. Je sais que Jisu souffre d’une peine de cœur. Je ne connais pas les détails mais je ne suis pas son frère pour rien. Je le vois dans son regard quand ça ne va pas. C’est drôle parce qu’on n’a pas grandi ensemble. On ne vient même pas du même ventre mais c’est quand même ma sœur.
« Pourquoi tu râles ? T’es pas contente de sortir avec moi ? T’as peur de pas pouvoir pécho ? »
Un rire s’échappe de mes lèvres alors que nous faisons la queue pour entrer dans le club. Il n’y a pas grand monde, ça ira vite et j’ai déjà bien entamé ma clope.
« Je t’empêcherais pas de draguer ni de t’amuser. Je suis là pour veiller sur toi. »
Et tout en disant ces quelques mots, je me détache de Jisu avant de la retourner vers moi en posant doucement mes mains sur ses épaules.
« Si un connard te fait chier, je lui casse la gueule, c’est tout. »
Je remets une mèche derrière son oreille tout en lui souriant avec tendresse. Il n’y a plus que nous deux dans cette ville. On n’a pas de famille, on n’a personne d’autres que nous. Alors tant que ça restera comme ça, je prendrais soin d’elle et si un homme veut remplir cette mission, il devra d’abord me rencontrer et obtenir mon approbation.

Je ne sais pas ce que mon frère mijote et je ne cherche pas à savoir du pourquoi et du comment. Il sait au moins l’essentiel ; je suis célibataire. Toutefois, la raison du pourquoi je le suis, non. Je ne suis pas du genre à m’étendre sur ce qui ne va pas, parce que je n’aime pas me plaindre. Je ne veux pas qu'on me prenne en pitié, mais aussi je ne veux pas être aussi piteuse et qu’on me considère comme telle. J’ai déjà passé des moments difficiles par le passé dont avec mon père qui me battait de temps à autre. Jin seop a bien finir par voir ce que je ne pouvais plus cacher et c’est toujours le même principe. Je cache toujours tout jusqu’à temps qu’on finit par comprendre que quelque chose ne va pas. Oui, j’ai une peine d’amour, mais il y a plus encore. Sinon je ne porterai pas le collier dont je porte continuellement à mon cou. Le collier que mon ex petit ami m’a donné afin qu’on puisse officialiser notre amour. Les jours qui suivent ont été parfaits jusqu’à temps qu’il disparaisse du jour au lendemain, d’un accident de voiture. Sur le coup, je n’ai pas pleuré. En présence de quiconque je n’ai pas pleuré, mais seule. Je prenais régulièrement des douches ou je me calais dans les oreillers de mon amoureux afin de sentie encore et encore son odeur. C’était et c’est encore douloureux par moment, mais tranquillement je fais mon deuil. Et dans un sens, c’est pour cela que Jin voulait qu’on quitte mokpo pour aller a seoul. Qu’on puisse refaire notre vie. C’est dingue comment il me connaît plus que je ne le croit.

C’est le pourquoi – du moins je le crois – qu’on soit ici. Il veut me remonter le moral et ça, même en me complimentant. J’arque un sourcil en entendant la plus belle femme de Séoul venir de sa bouche. Je suis sceptique. Ce n’est pas tout le monde qui apprécie les tatouages à une quantité industrielle dont je possède sur ma peau. Et puis, il y a sans doute des femmes bien plus belle et parfaire que moi. Qu’elles n’ont pas un passé aussi triste et mauvais que le mien. Qu’elles sont davantage aussi joyeuses et niais. Donc c’est en secouant la tête que je réponds à mon frère. « Je ne râle pas. Je suis contente que tu penses à moi pour ce genre de situation au moins je ne te fais pas honte. » comme la plupart des frères et sœurs qui existent dans ce monde. Je rigole à cette pensée. « non je n’ai pas peur. Pecho ou pas pecho, je m’en fiche. » je ne suis pas à la recherche du grand amour non plus. Je me dis surtout que je l’ai peut être rencontré ou pas du tout en réalité. Ce n’est pas grave. Ce n’est pas comme si j’avais une famille qui souhaite réellement que je me marie et que je tombe enceinte. C’est ce que j’aime de Jin seop. Il se fout un peu de ce qui se passe tant qu’on ne me fait pas de mal. C’est justement ce qu’il me précise. J’ai une tête à draguer ? « je dirai la même chose pour toi. Je t’empêcherai pas de draguer. » veiller sur lui, ça je ne crois pas qu’il aimerait. Je veille déjà qu’il mange ses repas.

Puis un avance encore jusqu’à temps que je me retrouve avec les mains de mon frère sur mes épaules. Qu’est ce que ? Je le regarde et il me dit un truc pareil comme quoi qu’il va casser la gueule si jamais un connard m’approche. Je rigole avant de lui pincer la joue. « allons, ce n’est pas comme si j’attirerais qu’eux uniquement. » si, mais passons à autre chose. Je lui laisse placer une mèche derrière mon oreille avant de me retourner vers l’entrée qui finalement se retrouve devant nous. On attend un peu avant que le vigile nous permet d’entrer. « tu me prends un verre ? Je vais un peu sur la piste de danse. » Fis-je en souriant à mon frère tout en pointant l’amas de gens qui dansent sur cette musique endiablée. Et sur ses mots, je me dirige la bas et sachant pertinemment que je dois rester à la vue de mon frère au cas où quelque chose arriverait. Je ne suis pas sotte. Je ne vais pas me cacher alors qu’on veille sur moi aussi gentiment. D’ailleurs, à peine quelques pas de danse, un mec vient se coller contre moi. Au départ c’était bien, on s’amusait tous les deux, mais rapidement ça devenait étrange. Même pas trois musiques sur la piste que j’ai fini par me séparer de lui pour aller vers mon frère. « tout va bien ? » Demandais je en le regardant.

J’ai du mal à réprimer un léger rire lorsqu’elle me dit qu’elle ne m’empêchera pas de draguer. Déjà il faudrait que les autres filles comprennent qu’elle est ma sœur et pas ma copine. Après tout, on ne peut pas dire qu’on se ressemble beaucoup mais c’est certainement parce qu’on est demi-frère et sœur. Ce n’est qu’un détail pour moi car je considère vraiment Jisu comme ma sœur dans son entier. Elle est la seule famille qu’il me reste et surtout la seule personne qui compte pour moi, surtout dans cette ville où je me sens encore comme un étranger. Bien sûr j’ai fait connaissance avec quelques personnes mais on ne peut pas dire qu’on soit devenu proches. Pas encore en tout cas. Ce genre de chose prend du temps surtout avec un passé comme le mien.

Elle me pince la joue et je grimace légèrement avant de rire à mon tour. Ok, elle marque un point. Elle n’attire pas que les connards mais ces derniers ont tendance à venir ennuyer les jolies filles comme Jisu alors je garderais l’œil quoi qu’il arrive.

Nous avançons dans la file et une fois à l’intérieur, Jisu me demande de lui prendre un verre le temps qu’elle aille danser. J’acquiesce et me dirige vers le comptoir, veillant quand même à lancer des regards vers la piste de danse pour m’assurer que tout se passe bien.

Deux chansons et demie plus tard, ma sœur me rejoint au comptoir. Je lui tends son verre et porte le mien à mes lèvres avant de lui lancer :
« Alors ? Il était comment ? Pas terrible, hein ? »
Je laisse échapper un rire moqueur alors que le gars avec qui elle dansait un peu plus tôt semble dépité de la voir me rejoindre. Est-ce qu’il pense que je suis son mec ? Possible et je trouve ça amusant. De mon côté, je n’ai rien trouver de bien intéressant dans la foule. Ni femme, ni homme à mon goût. J’aime les deux et je devrais pourtant avoir le choix mais je ne sais pas, ce soir personne ne brille vraiment à mes yeux et je n’ai envie de rien, si ce n’est boire tranquillement mon verre et profiter de la soirée.
« Est-ce que ça te convient de rester ici ? Ou tu préfères qu’on se trouve une table ou une banquette ? A moins que tu ne retournes sur la piste de danse faire ta belle ? »
Je ris à nouveau. Elle sait que j’aime la taquiner.

Me retrouver dans un bar, c’est tellement nouveau pour moi ces derniers temps. Je m’étais calmée depuis quelques années contrairement à mon adolescence. J’ai appris que je n’apprécie pas les prises de tête et je préfère néanmoins la tranquillité. Ça, quand la merde n’arrive pas à ma porte ou on ne me l’impose pas tout simplement. Quand j’y pense... pourquoi il a fallu que je connaisse tout ce que j’ai vécu dans ma vie ? Pourquoi a-t-il fallu que je connaisse d’une certaine façon la débauche et les hommes de nuit bien assez tôt ? Parce que j’avais un père dérangé et que je voulais absolument quitter mon monde au plus vite même si mon frère m’épaulait. Je voulais qu’on ne me batte pas, d’où le pourquoi je trainais bien souvent tard la nuit. Ensuite, j’ai rencontré mon meilleur ami dont j’éprouvais des sentiments jusqu’à temps qu’il disparaisse. Je n’aurais jamais pensé ressentir un mal si assourdissant quand on perd l’amour par la mort. Enfin, c’est la vie. Je tente par-dessus tout de ne pas y penser même si je pleure quelques fois. Son collier me suit partout, sa présence me suit partout. Même si ce n’est qu’illusion, je sens que son amour pour moi imprègne ce collier et me l’offre sans restriction. Cependant, nous n’allons pas gâcher la soirée en pensant au passé. Jin a fait terriblement d’effort pour arriver ici et moi aussi. C’est un nouveau départ, une nouvelle vie qui s’offre à nous.

Pour le moment cela passe plutôt bien. On rigole, on se taquine. Il tente de me changer les idées et je tente de le convaincre que je me porte bien. Je suis forte. Je devrais être capable de supporter tout ce qui puisse m’arriver dans ma vie non ? Ce n’est pas pour rien que je possède des tonnes de tatouage sur ma peau. Chaque chose possède une signification particulière. Surtout le pissenlit dont les graines s’envolent dans le vent qui orne dans mon dos. Cela signifie que je laisse envoler mon passé pour me tourner vers le présent. Je dois tourner la page de toute façon.

À l’intérieur, je pensais être bien sur la piste de danse. Mon partenaire de danse semblait sympathique jusqu’à temps que... je ne sais pas. Quelque chose cloche. Il est un peu trop entreprenant et touchait à des partielles de ma peau dont je refuse catégoriquement. Il est étrange. Je m’attends qu’il s’excuse même si je lui ai donné beaucoup de chance, mais toujours rien. Son comportement ne me plaît pas. Voilà pourquoi je le quitte afin d’aller vers mon frère. Si on le considère comme mon petit-ami, soit, on me laissera tranquille, mais je ne veux pas revivre des choses aussi horribles et qu’un accident arrive si je ne fais pas attention. « Non pas terrible. » fis-je en grimaçant en prenant le verre tendu. Je secoue le contenu et prend une gorgée. Hm ? J’aime bien. Je m’assois sur le tabouret à côté de mon frère pour faire comme lui ; flâner. « Faire ma belle ? » demandais-je en riant. « Non, je ne veux pas que tu t’ennuis alors je vais te tenir compagnie. » je lui souris avant de lui pointer la banquette disponible. « La banquette est dispo, veux-tu qu’on la prenne ? Ça va être plus confortable que les tabourets. » Je lui fais signe de me suivre en lui tendant la main pour le guider, mais aussi en lançant un petit regard au mec bizarre.

Je pose mon regard sur la banquette que Jisu m’indique. Effectivement, elle a l’air dispo et on y sera clairement mieux. La laissant prendre les devants, je me contente de la suivre en refermant ma main sur la sienne. Ce n’est pas comme ça qu’on va pouvoir pécho mais franchement, je m’en fiche. Je suis ici pour passer une bonne soirée avec ma sœur et tant pis pour mes éventuelles conquêtes. Ce n’est pas comme si les occasions de draguer au quotidien manquaient. Par contre, même si on vit ensemble, à cause de mon emploi du temps variable, je n’ai pas souvent l’occasion de sortir avec ma petite-sœur. Je travaille souvent de nuit et puis je suis du genre solitaire mais également toujours en vadrouille. Je ne tiens pas en place parce que l’ennuie me fait me souvenir de ma vie à Mokpo et j’aimerais tellement oublier tout ce qui s’y est passé. J’espère qu’un jour ça sera possible.

Alors que nous nous dirigeons vers la banquette, mon regard croise celui de ce gars un peu bizarre avec qui Jisu dansait tout à l’heure. Il doit certainement se demander ce qu’il y a entre nous. Est-ce qu’il pense que c’est ma copine ? Ou qu’elle m’a préféré à lui ? J’avoue qu’on ne se ressemble pas vraiment elle et moi. De toute façon ça ne le regarde pas.

Nous nous installons rapidement sur la banquette que nous avions repérée un peu plus tôt et lorsque je le cherche du regard, il semble s’être évaporé. Une chance pour lui car j’étais prêt à en découdre s’il continuait à nous mater comme ça. Ce genre de pervers, mieux vaut les remettre à leur place immédiatement parce que j’ai emmené Jisu ici pour qu’elle s’amuse, pas pour qu’elle soit la proie d’un sale type. Mais peut-être que je me fais des idées ? Oui je deviens sans doute parano et j’ai tendance à en faire trop surtout quand il s’agit de ma sœur. Peut-être aussi parce que je me sens responsable puisque venir ici était mon idée. Je veux qu’elle se détende et qu’elle se change les idées parce que je sais qu’elle aussi essaie d’oublier Mokpo et ce qui a pu lui arriver là-bas.
« Au fait ! Je crois que je t’ai trouvé un nouveau client pour ton art. J’ai un collègue qui rêverait de rencontrer mon tatoueur pour discuter d’un projet. Apparemment il a mis pas mal d’argent de côté pour se faire tout le dos. Je ne lui ai pas encore vraiment parlé de toi. Je voulais d’abord savoir si ça pouvait t’intéresser. »
Tout en lui parlant, je porte mon verre à mes lèvres pour en boire plusieurs gorgés et ne tarde pas à le finir, ce qui signifie qu’il va me falloir l’abandonner pour m’en commander un autre.

Oui, la fameuse banquette qui va nous permettre de bien discuter confortablement autour d’un bon verre ou même plusieurs. Ce n’est pas pour rien que je l’ai proposé à mon frère car je sais que le tabouret puisse être inconfortable à la longue. Je l’ai connu à mainte reprise. Des longues soirées à ce tenir là pour s’amuser, mais aussi tentant d’oublier le plus possible. Même si je n'essayais pas d’avoir la gueule de bois – de peur de ressembler à mon père – je finissais toujours par fausser compagnie mes amis/amies. Préférant la solitude et être seule parmi mon art. Autant avec la peinture, sculpture ou bien rester seule devant ce collier dont je ne cesserai jamais de porter. Ce présent offert juste avant sa mort. Ce cadeau dont je chérirai pour toute ma vie puisque cet objet possède les derniers sentiments que mon défunt petit ami/ meilleur ami. C’est impossible pour moi de me le retirer même lors de mes cours à la santé pour devenir tatoueuse. Donc il faut que je tente d’oublier, quoique le véritable mot étant bien de faire mon deuil définitivement. Cela fait presque deux ans maintenant et je ne trouve aucun moyen pour me réparer convenablement et tourner la page. Que devrais-je faire dans ce genre de situation? Même si Jin seop ne connaît pas tous les détails, il fait néanmoins des efforts pour me remonter le moral et que je puisse m’amuser. Je le remercie grandement. Le remercier de faire partie de ma vie, mais aussi de ma famille. Toutefois, je devrais peut être arrêter de me fier toujours sur lui non?

Alors nous nous installons confortablement tandis que je dépose mon verre sur la table, je croise le regard du mec bizarre plus tôt sur la piste de danse. Je fronce légèrement les sourcils avant de me tourner vers mon frère. Autant lui donner toute l’attention qu’il mérite. Comme ça, il va prétendre que c’est lui qui m’intéresse et non sa personne ? C’est la façon dont je pense. En tout cas, je continue de boire étant assoiffée dû à l’effort physique dont j’ai fait quelques instant s plus tôt. Je reste néanmoins très surprise qu’il puisse être autant tolérant envers quelqu’un. Surtout un mec qui me touchait de façon inapproprié même si je lui laissais beaucoup de chance. Est-ce le fait qu’on a déménagé qu’il est davantage tolérant ? Est-ce parce qu’on a quitté ses mauvaises fréquentations ? Telle est la question. Il pourrait dire autant de moi, non ? Je ne crois pas. Je n’ai pas tellement changé durant le déménagement. Mystère concernant Jin seop.

Sirotant tranquillement, je crois que je suis rendue à la moitié de mon verre quand Jin m’a interpellé. Je relâche mon verre pour l’écouter attentivement. Limite de me pencher un peu vers lui afin de comprendre ce qu’il dit. Un nouveau client ? Le dos au complet ? Je reste surprise car peu de gens font le dos au complet. Préférant des motifs par-ci et par-là ni plus ni moins. C’est rare les manches ou bien un endroit en particulier. « tu sais bien que j’accepte des clients ! Le dos ça prend énormément de temps. » lui révélais-je afin de le mettre en garde. Une séance ce n’est pas assez, il en faut plusieurs. Le temps de tracer, remplir, peaufiner. Ça prend beaucoup de temps. Surtout il faut que ça guérisse à entre chaque étape. « Toutefois s’il a du temps à consacrer, pourquoi pas. Qu'il me contacte sauf que...je ne suis pas aussi douée. » Je n’apprécie pas qu’on vante de mes talents. Je me trouve complètement banale contrairement à d’autres totalement talentueux. Continuant de boire mon verre, je le vois bien entamer au point de finir sa bière quasiment à une traite. Je dépose ma main sur son épaule et je lui demande : « tu sais que c’est toi qui conduis ? Tu devrais boire plus lentement. » je ne veux pas que quelque chose nous arrive. A moins qu’il soit tolérant à l’alcool ? Je hausse les épaules avant de lui sourire. « si jamais tu vas chercher un verre, tu peux me prendre un autre ? Je te payerai s’il le faut. » c’est en disant ses quelques mots dont je reçois une étrange sensation qu’on m’observe. Je regarde autour, mal à l’aise et pourtant je ne vois personne de suspect. Bizarre.

Je la trouve mignonne lorsqu’elle me parle de tatouage en m’expliquant des détails qu’elle m’a déjà donnés il y a longtemps. A force je crois que je dois connaitre le protocole par cœur ainsi que tous les détails relatifs au soin qu’on doit apporter à la peau tatouée. Il faut dire que tous les dessins qui encrent ma peau ont été réalisé par ma sœur. A chaque séance, elle me parle de ce qu’elle fait et je ne me lasse pas de l’écouter me parler de sa passion. Elle a beaucoup de talent mais elle manque de confiance en elle et je ne peux pas m’empêcher de pousser un profond soupir.
« Il a vu les tatouages que tu m’as fait et ça lui a plu. Vous discuterez ensemble de ce qu’il veut faire. Tu lui expliqueras tout ça et ensuite il décidera mais je ne m’inquiète pas. T’es talentueuse. »
J’insiste tout particulièrement sur ce dernier mot pour qu’elle se le rentre une bonne fois pour toute dans le crâne. En fait, tout serait tellement mieux si le tatouage était vraiment reconnu comme un art en Corée mais c’est tellement compliqué d’exercer ici. Ça n’a pas de sens quand on voit comment les tatoueurs sont traités ailleurs dans le monde. Enfin, ce n’est pas le moment de débattre sur le sujet.
« T’inquiète, c’est pas une bière ou deux qui va m’empêcher de conduire. »
En plus j’aime tellement ma voiture que je ne prendrais pas le risque d’avoir un accident, encore plus si ma précieuse petite sœur est dans la voiture.
« Je vais nous chercher à boire et promis je mangerais avant de reprendre le volant tout à l’heure. Par contre, c’est moi qui paie. Où t’as vu que je te laissais payer quoi que ce soit quand on sort ? »
C’est peut-être pas ma meuf mais c’est ma sœur, alors raison de plus pour que je paie pour elle. Je lui pince malicieusement la joue avant de me lever et de me glisser dans la foule pour rejoindre le bar. Au comptoir, je remarque que le barman a été rejoint par une jolie barmaid avec qui j’échange quelques mots alors qu’elle me sert. Je ne sais pas très bien combien de temps je reste à lui faire la conversation mais c’est largement suffisant pour que je puisse récupérer son numéro.

Une fois son numéro en poche, je retourne vers ma sœur que j’ai abandonné bien trop longtemps à mon goût. D’ailleurs en arrivant près d’elle je constate que le gros lourd de tout à l’heure est revenu à la charge. Posant nos verres sur la table basse, je l’attrape par le bras et le tire en arrière en lui disant d’un air menaçant :
« Je peux savoir ce que tu fous ? »
Puis posant mon regard sur Jisu, je lui demande :
« Il t’a fait quelque chose ? »
Si c’est le cas, je me ferais un plaisir de lui en foutre une.

Toujours la même réplique dont je sors lorsqu’on parle de tatouage. Je vois bien ses expressions quand j’y parle. C’est tellement rendu un automatisme de dire les risques et le temps. Le dos en entier cela prend énormément de temps à faire. On ne fera pas ça en une seule séance, mais bien quelques-uns tout dépendant de l’ampleur de son tatou. Oui, tout dépendra. Cela m’a pris une séance pour faire mon pissenlit en pollen dans mon dos tout comme mes ailes. Cela dit, je pensais que Jin aurait fait le message à son ami afin de se préparer mentalement avant de me parler. Ce n’est pas perdre mon temps, mais j’aimerais qu’il soit certain puisque c’est un énorme projet et travail pour lui autant que pour moi. C’est douloureux à certain endroit et les inconforts qui pourraient l’occasionner. Bon, je lui dirais tout cela puisque mon frère ne semble aucunement apte à coopérer. Je vais me débrouiller sans problème. Par contre, je roule des yeux avant de rigoler sur son compliment. Il a énormément de tatoueur qui sont davantage talentueux et je ne suis pas parmi les meilleurs, je sais. Qu’il cesse de me faire enfler la tête, je vais avoir mal aux chevilles.

Oui, toujours avoir des précautions. Le chauffeur désigné doit savoir faire attention surtout lorsque ses passagers sont là et prennent chacun de la boisson. Pas qu’il ne fait pas attention, mais je veux être certaine pour ne pas se retrouver dans un accident quelconque. Puis, le connaissant il n’abandonnera pas sa voiture ça c’est certain. Donc avec un air taquin, je lui tire la langue. J’ai bien le droit de m’inquiéter même si c’est mon grand frère. D’ailleurs, ce dernier semble vouloir me quitter pour aller chercher nos verres. « Je n’ai donc pas le droit de remercier la gentillesse de mon frère ? » fis-je en battant des cils avant de rigoler et de le voir partir. Et oui, me voilà bien seule en train d’attendre mon cocktail. M’accoudant sur la tête, je dépose cette dernière dans ma paume pour regarder le plancher de danse et contempler ses belles personnes danser. Hélas, je ne suis plus seule.

Le mec de tout à l’heure revient à la charge et s’installe à côté de moi. Je ne le regarde pas, en fait, je nous mets une bonne distance entre nous. Malheureusement, il se rapproche et on refait la scène jusqu’à temps que je me retrouve sur le bord de la banquette. C’est en soupirant que je lui dis que non, ça ne me plaît pas et je voudrais être seule le temps que mon compagnon de soirée revienne. En vain, un bras autour de mes épaules, commençant à me susurrer des mots doux qui dégoûte surtout quand ça vient de sa personne. Une main glisse sur ma cuisse dont je la retire immédiatement. Je jette un coup d’oeil vers le bar et je ne vois plus Jin seop. Où est-il ? Je repousse une fois de plus l’homme, mais il me saisit les mains. Je suis très mal à l’aise qu’il soit aussi insistant. Toutefois, les bruits des verres déposés sur la table basse aussitôt je me retrouve libre. Voyant mon frère, je respire enfin soulager de la situation. Il arrive à point nommé. « Il est... insistant et très tactile. » révélais-je après une certaine incertitude. Je ne dois pas cacher ce genre de comportement mon... amoureux perdu ne serait pas d’accord et mon frère non plus. « jin... fais attention ! » Oui car l’homme semble très énervé et prêt à se battre. Heureusement que je me suis éloignée à temps car j’aurais pu être dans les dommages collatéraux.